Menu
Libération
Journal d'une généraliste

«Mes patients souffrent d'une sorte de syndrome post-confinement»

Dans le cabinet de cette médecin de Haute-Loire, le quotidien revient presque à la normale.
©Vincent Isore/IP3; Chambery, France Aout 2014 - Illustration d une visite medicale chez un medecin generaliste - Des patients dans une salle d attente (Photo Vincent Isore. IP3)
publié le 3 juin 2020 à 12h17

Elodie (1) est médecin généraliste en Haute-Loire. Elle raconte le retour à la normale en cette fin d'épidémie et le monde d'après qui s'ébauche. Libération lui a donné régulièrement la parole tout au long de cette crise. Il s'agit du dernier épisode si, ce que l'on souhaite, la deuxième vague n'arrive jamais.

«Tout est en train de revenir à la normale. Les patients reviennent au cabinet. Mon carnet de rendez-vous est de nouveau bien rempli. Ici, hormis dans les Ehpad, ma patientèle a plutôt bien vécu le confinement. Le département a eu peu de cas, donc les gens étaient chez eux, en famille et se promenaient dans la nature sans avoir peur des contrôles, ni du virus.

«Maintenant ils souffrent de ce qu’un de mes patients a appelé le syndrome post-confinement. Il est difficile de s’y remettre. Pour moi aussi d’ailleurs. La vie avait pris un rythme plus lent, plus agréable pendant le confinement. La reprise, c’est le retour des milles choses à penser.

«Les centres Covid sont toujours en place, alors même qu’on ne diagnostique plus un seul cas depuis quelque temps. Il s’agit de cinq centres répartis dans le département dans lesquels les généralistes font des permanences. On y envoie tous les patients susceptibles de présenter un Covid : fièvre, diarrhée, vertiges, etc. Donc, en clair, on envoie toutes nos urgences.

«Je crains que ce système ne soit amené à se pérenniser alors qu’il a été mis en place sans concertation, à marche forcée. Cela me dérange car je pense que gérer les urgences au cabinet fait partie de notre métier de généraliste et de notre relation à nos patients. Surtout, je vois là un risque de l’externalisation des urgences quotidiennes vers des cliniques privées. Pour le moment, le centre fonctionne sur la base du volontariat, donc avec beaucoup de médecins remplaçants car les généralistes rechignent à quitter leur cabinet. Il est à craindre que des sociétés privées s’emparent du secteur si on habitue les patients à venir dans des centres dédiés pour leurs urgences.»

(1) Le prénom a été modifié à sa demande.