Jamais deux sans trois. Le gouvernement présentera, mercredi, son troisième projet de loi de finance rectificative. Dans le jargon budgétaire, il s’agit du texte permettant de corriger le budget adopté à la fin de l’année précédente, afin de tenir compte des changements intervenus depuis le début 2020. Habituellement un seul texte rectificatif est nécessaire. En ces temps de crise sanitaire, il s’agit du troisième, afin de mettre à jour les mesures de soutien à l’économie, qui gonflent au fur et à mesure de l’impact du Covid-19.
Une «prime à la casse» pour les avions polluants ?
Les dépenses nouvelles les plus importantes sont successivement le plan de soutien au tourisme d'un montant de 18 milliards d'euros et celui relatif à l'automobile, 8 milliards de mieux. Viennent ensuite une série de garanties que l'Etat doit apporter à diverses institutions financières, comme la Banque européenne d'investissement (BEI) ou le Fonds monétaire international (FMI). Il y en a pour 13 milliards. En retour, la BEI apportera pour 200 milliards d'euros de prêts aux entreprises françaises. La semaine prochaine, le chef de l'Etat devrait annoncer un plan de soutien à l'aéronautique dont le montant devrait également compter neuf zéros. Il s'agira de soutenir Airbus mais aussi ses sous-traitants, confrontés à des reports massifs de commandes. L'une des voies explorée pourrait être une sorte de «prime à la casse» pour les avions les plus polluants. Elle aurait le double avantage de mettre au rancart les appareils vieillissants et de stimuler les achats d'avions neufs, par nature plus économes en émissions de CO2.
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Déficit budgétaire plombé à 11,4%
Ces dépenses supplémentaires vont plomber, un peu plus, le déficit budgétaire. Il va passer de 9,1 à 11,4% du produit intérieur brut (PIB). À la fin de cette année, la dette de la nation devrait représenter 120,9% du PIB. Signe de l’omniprésence des deniers de l’Etat dans le soutien à l’économie : la part des dépenses publiques va atteindre 63% du PIB. L’augmentation du déficit n’est pas uniquement due à la hausse des engagements financiers de l’Etat. Côté recettes, le produit des taxes et impôts est en chute libre. Moins de consommation signifie en effet moins de rentrées de TVA et les pertes de chiffre d’affaires des entreprises entraînent une sérieuse baisse de l’impôt sur les bénéfices. En 2020, la maison France devrait ainsi perdre 100 milliards de recettes fiscales, par rapport à ce qui avait été perçu en 2019.
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Dans cette conjoncture aux tonalités gris foncé, quelques signes d’éclaircie font cependant leur apparition, selon les derniers chiffres de l’Insee. La chute de la consommation d’électricité se réduit et passe de -17 à -10%, signe d’une reprise de l’activité économique depuis la fin du confinement. La consommation des ménages n’est plus en retrait que de 6% alors qu’elle avait chuté de 30%. À la fin de cette année, les ménages français auront vraisemblablement constitué une épargne de précaution de 100 milliards d’euros. mais rien n’indique et surtout pas les mauvais chiffres de la hausse du chômage, que ce bas de laine soit prêt à se dégonfler rapidement pour alimenter la consommation.