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Enquête

Viande de singe, tapir ou pangolin… Un trafic coté en brousse

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S’il est trop tôt pour établir un lien avec la pandémie de Covid-19, le commerce illégal d’espèces animales sauvages, souvent protégées, est responsable de la transmission de nombreuses maladies à l’homme. Pourtant, le phénomène continue de se développer.
(Cyril ZANNETTACCI/Photo Cyril Zannettacci. VU pour Libération )
publié le 4 juin 2020 à 18h56
(mis à jour le 5 juin 2020 à 11h53)

On ne vous parle pas de steaks ni de gigots, mais de viande fumée, séchée, racornie, braisée, boucanée. Avec parfois des poils, de la peau, des dents ou des griffes. Elle peut aussi se présenter sous forme de morceaux : patte ou tête, voire la bête entière.

La viande de brousse provient souvent d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, plus rarement d’Asie ou d’Amérique latine. Pangolins, singes ou serpents, la longue liste des animaux sauvages concernés compte de nombreuses espèces protégées. Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’est considérablement développé et nourrit désormais un intense trafic international, comme l’a illustré l’opération «Thunderstorm» lancée en mai 2018 par Interpol, en coopération avec l’Organisation mondiale des douanes. Mobilisant près d’une centaine de pays, cette opération contre le commerce illégal d’espèces sauvages a permis de saisir en un mois 43 tonnes de viande d’animaux abattus illégalement, parmi lesquels des ours, des éléphants, des crocodiles ou des baleines.

Impossible de savoir combien de tonnes de viande sauvage alimentent le marché français, mais on sait qu’une partie atterrit d’abord en Belgique. Les autorités belges estiment ainsi que 44,4 tonnes de viande de brousse africaine transitent chaque année par l’aéroport international de Bruxelles. A Roissy-Charles-de-Gaulle, les douanes françaises ont réalisé l’an passé 2 618 saisies de viande, pour un total de 21 tonnes, un chiffre en nette hausse par rapport à 2018 (17,4 tonnes)