Montée du chômage et du chômage partiel, affaissement des ressources provenant d’emplois précaires (CDD, intérim…), effondrement des revenus informels : la situation économique des habitants des quartiers de la politique de la ville s’est considérablement dégradée avec la crise sanitaire. Pendant la même période, des centaines de milliers d’enfants et d’adolescents des milieux défavorisés ont décroché scolairement après la fermeture des écoles et faute de personnes en capacité de leur apporter une aide pédagogique à domicile. Enfin, les tensions entre la police et les habitants sont récurrentes. Le tout laisse craindre un été difficile dans les quartiers en difficulté où vivent 1,3 million de jeunes.
Le gouvernement cherche donc à anticiper, à prévenir. Déjà, en fin de semaine dernière, le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer a annoncé le dispositif «vacances apprenantes» avec notamment l'opération «école ouverte» pendant l'été, consistant à accueillir dans les établissements scolaires un million de jeunes qui ne peuvent partir, pour leur proposer un soutien scolaire, associé à des activités ludiques, sportives et culturelles.
«Colonies apprenantes»
Lundi matin, le ministre du Logement et de la Ville, Julien Denormandie, a révélé plusieurs autres mesures en faveur des enfants et habitants des quartiers. Pour les plus jeunes va être lancée l'opération «colonies apprenantes» qui s'ajoute au dispositif «école ouverte». Objectif : emmener dans des centres de vacances situés hors de leur département de résidence «250 000 enfants dont 200 000 issus des quartiers» a précisé le ministre. Ces vacances «d'une durée de cinq à dix jours» combineraient là encore éducation-soutien scolaire, culture et sport.
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Les «collectivités locales seront les maîtres d'œuvre» de ces colos apprenantes, a souligné le ministre. A elles de recenser les offres mises à disposition par des opérateurs tels que l'UCPA (Union nationale des centres sportifs de plein air), la Ligue de l'enseignement, le groupe SOS et d'autres encore, pour faire partir des enfants habitant leurs territoires. Certaines communes ou départements disposent de leurs propres colonies de vacances. L'Etat a prévu un financement de l'opération à hauteur de «80 millions d'euros sur le budget du ministère du Logement et de la Ville» a précisé Julien Denormandie. Cette enveloppe permettrait de couvrir 80% du coût (et parfois jusqu'à 100%) des séjours des 250 000 enfants concernés.
Postes d’adultes-relais
Autre mesure : une enveloppe de 5 millions d'euros supplémentaires (en sus des 5 millions déjà mobilisés pendant le confinement) va être débloquée pour venir en aide aux associations de quartiers, qui font un travail d'«hyperproximité» à destination des enfants et des jeunes (soutien scolaire, activités…) ou personnes dépendantes ou isolées. En outre, 1 500 postes supplémentaires d'adultes-relais, travaillant dans des associations, vont être créés. Par le biais de contrats d'insertion, les personnes embauchées assurent des missions de médiation sociale et culturelle de proximité dans les quartiers.
Enfin, 30 «bus France service» vont sillonner les quartiers de la politique de la ville pendant l'été. «Ce sont des sortes de maisons de services publics mobiles» qui viennent à la rencontre des habitants pour les aider dans leurs démarches administratives, pour lutter notamment contre le non-recours à certains droits.
En ce qui concerne le travail, la plateforme mobilisationemploi.gouv.fr qui recense notamment les emplois pour les secteurs en tension ou les jobs saisonniers a été lancée il y a quelques semaines par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Dans les quartiers de la politique de la ville, tous les relais (les collectivités, les associations, les CCAS) seront chargés de faire connaître cet outil, son utilisation pour aider les habitants à trouver un emploi.