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Libération
Violences policières

LR se pose en premier avocat des forces de l'ordre

«On a vu des violences de manifestants, mais jamais de violences policières», a estimé Christian Jacob. Camp historique de «l’ordre», la droite voit le sujet comme l’un des points faibles d’Emmanuel Macron.
Manifestation contre les violences policières samedi à Nantes (Loire-Atlantique). (SEBASTIEN SALOM-GOMIS/Photo Sébastien Salom-Gomis. AFP)
publié le 8 juin 2020 à 16h17

«Les violences policières, en France, n'existent pas. C'est un mensonge» : c'est le parti pris radical exprimé dimanche par le président des Républicains, Christian Jacob, alors que s'amplifie le mouvement international provoqué par la mort de l'Américain George Floyd. Si le chef de l'Etat, après plusieurs jours de silence, a demandé à son gouvernement d'«accélérer» sur la question de la déontologie policière, sa principale opposition se fait l'avocate passionnée des forces de l'ordre. «On a vu des violences de manifestants, mais jamais des violences policières en France», a poursuivi Jacob au micro d'Europe 1, ajoutant qu'«on n'a pas une police raciste en France, ça n'existe pas».

Des propos similaires étaient tenus, lundi sur BFM TV, par le député LR Eric Ciotti, même si ce dernier a, lui, admis l'existence de «dérapages» ponctuels. Il leur a cependant dénié tout caractère structurel, jugeant que «la violence de l'institution policière n'existe pas» et que «dire que la police est raciste aujourd'hui est une contre-vérité qui ne repose que sur une approche idéologique».

Même avis chez le président des députés LR, Damien Abad, selon qui il n'existe «pas de racisme systémique, au sens de l'organisation par la police ou par la gendarmerie d'un racisme institutionnalisé et organisé». En revanche, a-t-il ajouté auprès d'Europe 1, «la police […] n'échappe pas à certains individus qui effectivement présentent une expression raciste».

A l'image du président américain, la droite française peut difficilement épouser un combat qui paraît contredire ses valeurs, les attentes de sa base et sa stratégie électorale. Si de récentes enquêtes d'opinion ont révélé une baisse de la confiance du public envers la police, c'est auprès des sympathisants de droite que sa cote de sympathie est le plus élevée. Camp historique de «l'ordre», la droite l'est d'autant plus qu'elle voit le sujet comme l'un des points faibles d'Emmanuel Macron, accusé de n'avoir pas su le faire respecter lors du mouvement des gilets jaunes ou pendant la contestation de la réforme des retraites. Un procès qu'elle ne manquera pas d'alimenter, si l'exécutif décidait d'ouvrir le sujet des violences policières, comme il semble l'envisager.