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Libération
Reportage

A Cannes, la détresse des extras

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Exclus du plan du gouvernement en soutien au secteur très touché par la crise, nombre de saisonniers au statut déjà précaire se retrouvent sur le carreau, alors que la saison débute tant bien que mal. «Libération» est allé à leur rencontre.
Marc Crespo, maître d’hôtel, est arrivé en fin de droits Pôle Emploi le 31 mai.. (Photo Laurent Carré)
par Mathilde Frénois, Envoyée spéciale à Cannes Photos Laurent Carré
publié le 9 juin 2020 à 19h16

Rien qu'au son de sa voix, Edwige Trolliet a tout de la «gentille organisatrice» : dynamisme et bonne humeur. A 29 ans, elle est animatrice en club de vacances. L'hiver à la montagne et l'été à l'étranger, elle monte des spectacles, imagine des concours et programme des balades. «Par rapport aux GO, on est moins kitsch, rectifie la saisonnière. J'ai une vocation sociale : je travaille avec des personnes qui partent en voyage grâce aux chèques vacances, avec les comités d'entreprise. On a un contact humain incroyable.» Voilà dix ans qu'elle «fait les saisons» pour le même tour-opérateur. Mais pour la première fois, à cause de la crise sanitaire, son contrat n'a pas été reconduit. «J'aurais dû commencer mon CDD autour du 15 avril en Grèce. C'était convenu comme ça, raconte-t-elle. Avec mon équipe de cinq personnes, on a appris que la frontière et l'hôtel étaient fermés. On s'est retrouvés sans nouvelles. Le club de vacances attend que la situation se débloque.»

Edwige Trolliet et les saisonniers n'entrent pas dans le plan d'aide de 18 milliards d'euros du gouvernement en soutien au secteur du tourisme : sans promesse d'embauche signée, pas de chômage partiel. Alors depuis avril, elle grignote ses droits au chômage. Edwige a écrit une lettre à l'a