Emmanuel Macron s'adressera ce dimanche aux Français, pour prendre acte de la fin de la crise sanitaire et dessiner à grands traits la «nouvelle étape» qui s'ouvre cet été. Le chef de l'Etat a lui-même annoncé cette intervention mercredi à l'occasion d'un déjeuner de presse auquel participait Libération. Il met ainsi fin aux spéculations sur une prise de parole que beaucoup attendaient plus tard, entre les municipales du 28 juin et le 14 juillet. Pour Macron, cela vient conclure une séquence inaugurée mi-mars avec l'annonce solennelle du confinement, suivie un mois plus tard par une allocution non moins solennelle sur la perspective d'un déconfinement progressif au terme duquel il devait être temps de «sortir des sentiers battus» et de «se réinventer».
Jeunesse
Nous y sommes. Même s'il se contente de ne tracer que des perspectives, Macron a tenu à accélérer le tempo. Le rendez-vous de dimanche sera pour lui l'occasion de rompre son silence remarqué sur la mobilisation antiraciste planétaire des dernières semaines. S'agissant de la France, il estime qu'au-delà de la question des violences policières, il faut regarder en face ce qui relève de l'ombre portée de la décolonisation. Un travail qu'il estime avoir engagé dès 2017, quand il a parlé, à Alger puis à Ouagadougou, des «crimes» de la colonisation. Particulièrement mobilisée depuis la mort de George Floyd, la jeunesse française a aussi été la principale victime du confinement. D'importants sacrifices lui ont été demandés pour sauver les plus âgés : Macron laisse entendre qu'il ne l'oubliera pas ce dimanche quand il présentera le menu de cette «nouvelle étape».
Sans surprise, elle se décline autour des priorités soulignées ces dernières semaines : souveraineté économique, protection sociale, réforme institutionnelle et transition écologique. S’il promet des annonces fortes et du volontarisme, Macron fait savoir qu’il n’a pas du tout l’intention de rompre avec le fil du quinquennat. Pas de rupture avec ce qui a été entrepris dans ces trois dernières années. Une réinvention dans la continuité, en quelque sorte… C’est ainsi, contrairement à ce que beaucoup avaient cru comprendre, qu’il n’est donc pas question de tirer un trait sur la réforme des retraites. L’instauration d’un régime universel reste un objectif dont il faut discuter avec les partenaires sociaux.
Gaullisme
Avec les syndicats, un changement de méthode est censé accompagner cette nouvelle étape. Macron espère convaincre que la crise sociale qui vient impose d'accepter une modération salariale. En échange de quoi le gouvernement est déterminé à tout faire pour limiter la casse sociale et l'explosion du chômage grâce au maintien du dispositif d'activité partielle. Le sujet est au cœur de la concertation pour «sauver l'emploi» engagé cette semaine au ministère du Travail. Selon Macron, la promesse de revalorisation faite aux salariés de «première ligne» doit plutôt passer par des primes. Pour le reste, le plus prometteur des leviers de lutte contre les inégalités de revenus reste à ses yeux la vieille idée gaulliste de participation et d'intéressement. Certes, la période n'est pas vraiment propice à la distribution de bénéfices. Mais le chef de l'Etat veut y voir un pacte pour le long terme.
Changer de méthode, c’est surtout renoncer au bonapartisme des commencements. Macron ne le renie pas non plus et soutient qu’il était utile au début de son quinquennat. Mais ce dimanche, il devrait insister sur le nouvel acte de la décentralisation que lui réclament en chœur les grands élus locaux, de droite pour la plupart. Donner plus de liberté en demandant, par voie de conséquence, de prendre plus de responsabilités : tel devrait être le contrat proposé par Macron aux collectivités territoriales.