«Depuis trois ans, qu'il pleuve, qu'il neige, on est là. Toujours au même endroit», avec des livres disposés sur les rebords des fenêtres. D'autres aussi, par terre, sur un tapis jaune et orange en plastique, assez grand pour s'asseoir et lire des histoires. Pauline, bénévole à ATD Quart Monde, anime depuis plusieurs années une bibliothèque de rue au pied des immeubles de la cité Jean-Moulin dans les quartiers pauvres de Montreuil (Seine-Saint-Denis). «Les enfants vont et viennent à leur guise. Ils s'arrêtent quelques minutes, parfois plus… Ça dépend des fois. Il faut du temps pour créer des liens, gagner la confiance des familles.»
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«Je me sens plus utile ici»
Un lien encore plus nécessaire après ces longs mois de confinement. Ce mercredi, ils étaient une petite poignée : Zoé, 9 ans, Esther, 11 ans, Sadio, 10 ans, Lalya, 9 ans… Aucun d'entre eux n'a remis un pied à l'école. Une mère, assise sur le tapis : «Ma fille devait aller dans une autre école que celle qu'elle fréquente d'habitude. C'est beaucoup plus loin. Et sans sa maîtresse habituelle… C'est plus contraignant qu'autre chose. J'attends septembre.» Lalya, élève de CE2, trouve notre question bizarre : «Je fais mes devoirs à la maison, donc c'est bon. Pas besoin d'y aller.»