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Libération
Reportage

Dans des écoles de Montreuil, «on a vu le fossé entre les enfants se creuser, là, sous nos yeux»

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Dans les quartiers populaires de Montreuil, près de Paris, des associations se démènent pour se rapprocher des élèves qui n’ont plus de lien avec l’école depuis le début du confinement.
A Montreuil, mercredi, un atelier fresque a été organisé à côté de la bibliothèque de rue installée par ATD Quart Monde dans la cité Jean-Moulin. (Photo Marguerite Bornhauser)
publié le 11 juin 2020 à 20h16
(mis à jour le 12 juin 2020 à 10h21)

«Depuis trois ans, qu'il pleuve, qu'il neige, on est là. Toujours au même endroit», avec des livres disposés sur les rebords des fenêtres. D'autres aussi, par terre, sur un tapis jaune et orange en plastique, assez grand pour s'asseoir et lire des histoires. Pauline, bénévole à ATD Quart Monde, anime depuis plusieurs années une bibliothèque de rue au pied des immeubles de la cité Jean-Moulin dans les quartiers pauvres de Montreuil (Seine-Saint-Denis). «Les enfants vont et viennent à leur guise. Ils s'arrêtent quelques minutes, parfois plus… Ça dépend des fois. Il faut du temps pour créer des liens, gagner la confiance des familles.»

«Je me sens plus utile ici»

Un lien encore plus nécessaire après ces longs mois de confinement. Ce mercredi, ils étaient une petite poignée : Zoé, 9 ans, Esther, 11 ans, Sadio, 10 ans, Lalya, 9 ans… Aucun d'entre eux n'a remis un pied à l'école. Une mère, assise sur le tapis : «Ma fille devait aller dans une autre école que celle qu'elle fréquente d'habitude. C'est beaucoup plus loin. Et sans sa maîtresse habituelle… C'est plus contraignant qu'autre chose. J'attends septembre.» Lalya, élève de CE2, trouve notre question bizarre : «Je fais mes devoirs à la maison, donc c'est bon. Pas besoin d'y aller.»

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