L'onde de choc continue son parcours planétaire. Après avoir suscité une protestation mondiale et provoqué une spectaculaire prise de conscience des réalités du racisme, la mort de George Floyd entraîne maintenant une utile convergence : celle des combats antiraciste et féministe, comme l'illustre l'entretien qu'Adèle Haenel et Aïssa Maïga ont accordé à Libération. On s'aperçoit ainsi que Black Lives Matter et #MeToo sont deux visages de la même cause : la lutte pour l'égalité, valeur universelle qui rallie un mouvement planétaire. Mouvement «racialiste» ou «identitaire», comme le diront certains contempteurs ? Non, à lire les propos que nous publions. Y a-t-il un «privilège blanc» ? «Les mots sont piégeux», disent Adèle Haenel et Aïssa Maïga. Y a-t-il un racisme d'Etat ? Pour le dire, «il faudrait que ce soit dans la loi». En effet. Plutôt que de ratiociner sur ces concepts contestés, il y a une autre manière de poser le problème, que les deux actrices expriment très clairement : les démocraties en général - et la République française en particulier - proclament le juste principe d'égalité. Mais elles ne l'appliquent pas, ou pas assez. Sur le papier, toutes et tous sont égaux ou égales. En fait, les discriminations à l'emploi et au logement subsistent, les contrôles au faciès sont une réalité, le machisme persiste, la représentation des femmes ou des minorités au cinéma ou à la télévision sont caricaturales ou trop rares. C'est cette distance entre les mots et les actes, les valeurs et les réalités, que dénoncent les foules de toutes origines qui manifestent dans tant de pays. Non pour récuser les principes au nom d'on ne sait quelle logique communautaire. Mais pour exiger qu'ils s'appliquent. L'égalité juridique fut au XIXe et au XXe siècle un immense progrès pour les opprimées et les opprimés. Le XXIe doit être celui de l'égalité réelle.
Dans la même rubrique