Youssef porte un marcel et des lunettes de soleil. Roule des cigarettes et dit «Ni Dieu ni maître», et sur son compte Twitter, et dans la rue. Il se lance dans un discours économique où tout converge vers la lutte des classes et les dominants qui fabriquent l'injustice menant, entre autres, au racisme. Un retraité en chemise à carreaux le résumera ainsi dans le rassemblement : «Aussi utopique que cela puisse paraître, on est entré dans un conflit, et ce depuis quelques années, entre pognon d'un côté et demande d'humanisme de l'autre.» Youssef, gabarit très fin, expliquera, à propos de la présence de ses copains gilets jaunes et antifascistes : «Nos quartiers populaires expliquent, à raison, qu'ils étaient seuls en 2005 pour l'affaire de Zyed et Bouna. Mais ça fait quinze ans. Il est temps d'aplanir les malentendus et de faire cause commune.»
Ce samedi, il y avait entre 10 000 et 20 000 personnes place de la République à Paris à l'appel du collectif Vérité et Justice pour Adama, pour dénoncer les violences policières et le racisme touchant une partie de l'institution. Le collectif, lancé en 2016 après la mort d'Adama Traoré dans une caserne de gendarmerie de Persan (Val-d'Oise), met, depuis quatre ans, une énergie folle à obtenir «justice», mais aussi à tisser des liens avec des groupes allant des