Comment relancer l'économie du pays en misant sur la croissance verte, continuer à aider les secteurs durement touchés par le confinement, bref traverser sans trop de casse les turbulences de la récession qui vient ? Quelle boîte à outils pour lutter contre le chômage de masse et la litanie des plans sociaux alors que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, se prépare à «la suppression de 800 000 emplois» d'ici la fin de l'année ? Et après la crise sanitaire, quel plan pour parachever le déconfinement des restaurants, des transports, des écoles ? La parole du président de la République était très attendue des Français sur ces points clés. Mais en ce qui concerne la manière dont Emmanuel Macron compte s'y prendre concrètement pour «reconstruire une économie forte et souveraine» et éviter que le chômage ne flambe à 11,5 % en 2021, toutes les réponses n'ont pas été données. Seules certitudes : pas question «d'augmenter les impôts» pour faire face au déficit de la nation que va creuser la récession attendue à - 11 % cette année…
Un nouveau «pacte productif»
«La France a fait le choix humaniste de placer la santé au-dessus de l'économie.» C'est en ces termes qu'Emmanuel Macron a résumé l'action d'un gouvernement qui a «mobilisé près de 500 milliards d'euros» pour limiter la casse économique. Un montant «inédit» et parmi les plus importants à l'échelle des pays industrialisés, a-t-il insisté, en mettant en avant la «force» du modèle social français. Sans se montrer très précis, le Président a promis un nouveau «pacte productif» placé sous le signe d'une économie verte, souveraine et solidaire. Autrement dit, plus d'écologie, de relocalisations et de santé publique, mais sans financer cette relance et le remboursement d'une dette qui va exploser par des hausses d'impôts. Evoquant la nouvelle étape d'une «reconstruction économique» comme si l'on sortait d'une guerre, il n'a pas éludé qu'il y aurait du sang et des larmes : il faut s'attendre à «beaucoup de faillites» même s'il faudra «tout faire pour éviter les licenciements». Des négociations difficiles vont s'engager en ce sens avec syndicats et patronat.
«Travailler davantage»
Désormais, il faudra «travailler et produire davantage» a prévenu le chef de l'Etat. Une manière de suggérer que les discussions ouvertes au sujet du chômage partiel, qui a couvert près 8,6 millions de salariés en avril, ne s'achèveront certainement pas sur un accord visant à rendre le dispositif plus généreux. D'ailleurs, à l'exception des secteurs du tourisme, de l'hôtellerie et de la restauration, préservés jusqu'à la fin de l'année, l'Etat a déjà donné un premier tour de vis : depuis le 1er juin, les entreprises ne sont plus indemnisées qu'à hauteur de 60 % du salaire brut de leurs employés en activité partielle, lesquels continuent de toucher environ 84 % de leur salaire net. Macron n'a pas parlé pouvoir d'achat, mais les syndicats le martèlent : il ne pourra pas y avoir de reprise économique si les salaires baissent. Or les fameux «accords de performance collective» vantés par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, permettent aux patrons de demander à leurs employés de renoncer à du salaire ou du repos en échange de la préservation de leur emploi.
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Réouverture des restaurants et des frontières
Les restaurateurs franciliens l'attendaient : à partir de ce lundi, ils pourront exploiter leurs salles en plus de leurs terrasses. Pour autant, les mesures de distanciation devraient perdurer. En clair, les restaurants ne vont pas récupérer 100 % de leur chiffre d'affaires dans l'immédiat. Enfin, la réouverture des frontières à l'intérieur de l'espace européen dès ce lundi et à partir du 1er juillet avec les «Etats où l'épidémie est maîtrisée» va commencer à libérer les tarmacs des aéroports saturés par les avions cloués au sol. Cette activité, l'une des plus touchées par la crise sanitaire, ne tournait qu'à 5 % de ses capacités.
Retour à l’école le 22 juin
Alors que les vacances d'été débutent dans moins de trois semaines, le Président a annoncé un retour à l'école obligatoire pour tous les élèves, sauf les lycéens, lundi prochain. Pour deux semaines de cours donc, le coup d'envoi des grandes vacances étant toujours fixé au 4 juillet. «Dès demain, les crèches, les écoles et les collèges se prépareront à accueillir tous les élèves de manière obligatoire à partir du 22 juin», a déclaré Emmanuel Macron. Jusqu'ici, crèches et établissements scolaires fonctionnaient au ralenti : seuls 1,8 million d'écoliers sur 6,7 millions et 600 000 collégiens sur 3,3 millions sont retournés en classe. Le plus souvent à mi-temps, voire une demi-journée par semaine : les règles sanitaires très strictes ne permettaient d'accueillir les élèves que par petits groupes, en rotation. Dimanche soir, le président de la République n'a pas dit un mot sur ce protocole sanitaire, et précisé s'il serait allégé ou complètement levé.