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Libération
La clé sous la porte (2/6)

A Chamonix, un organisateur de festival mis à l’arrêt par le confinement

(Illustration Christelle Causse)
par Emilie Laystary
publié le 16 juin 2020 à 12h03

Toute la semaine, récit d'histoires de PME qui ont mis la clé sous la porte ou se trouvent en redressement judiciaire après la crise sanitaire du Covid-19. Ce mardi, l'organisateur d'un événement placé en redressement.

En cinq éditions, ce jeune événement mêlant musique électronique et sessions de ski avait pris de l'ampleur. «La première année, on a organisé The Unlimited, alors petit week-end sur les pistes, avec 30 000 euros de budget. Cette année, on avait plutôt 800 000 euros en poche pour six jours de festivités dans une quinzaine de lieux différents en altitude», raconte Jose Lagarellos, cofondateur des Nuits sonores à Lyon devenu depuis 2013 tête pensante de The Unlimited, qui remue la vallée de Chamonix chaque année au printemps.

Découvrir le domaine skiable et passer quelques heures à danser sur un set de Laurent Garnier, à 2 000 mètres d'altitude, face au Mont-Blanc était possible durant un même séjour, grâce à ce festival décrit comme véritable «événement touristique» mettant en valeur la région, profitable aux secteurs de l'événementiel et de l'hôtellerie du coin, avec ce qu'ils comptent d'intermittents et de prestataires. Jusqu'à ce que la crise sanitaire du Covid-19 mette un coup d'arrêt à l'organisation du festival, qui devait se tenir du 31 mars au 5 avril cette année.

D'abord, il y a eu l'arrêté portant sur l'interdiction des rassemblements de plus de 5 000 personnes. Puis un autre, ramenant la jauge à 1 000 personnes. «Ça a été annoncé le 8 mars, et ce jour-là, on a fermé la billetterie pour ne plus vendre de tickets supplémentaires», se remémore Jose Lagarellos. Moins d'une semaine après, le nombre maximum de participants à un rassemblement tombe à 100. La tenue du festival n'est plus possible, comme le confirmera le début du confinement en France. L'événement est annulé. «Jusqu'au bout, on a cherché à adapter l'événement. Nos sites sont en plein air, sur de petites jauges, alors début mars on pensait encore pouvoir maintenir le festival», regrette l'organisateur. Avant d'analyser, a posteriori : «Interdire les rassemblements d'un seul coup, ça nous aurait fait gagner du temps.»

Aujourd'hui, la société Jeudi Events, qui organise l'événement, est en redressement judiciaire et Jose Lagarellos, qui est l'unique permanent, au chômage technique. «Quand on annule un festival à la dernière minute, tout l'argent est dehors. Comptablement, on était en état de cessation des paiements puisque la billetterie à rembourser était largement supérieure à notre actif», développe-t-il. Discussions avec les partenaires et recherche d'investisseurs : le but est désormais de renflouer les caisses, rembourser la billetterie de cette année et espérer lancer l'édition 2021. «Nous sommes montagnards, avec cette passion pour le sommet et l'abnégation nécessaire pour l'atteindre…» philosophe Jose Lagarellos.