Après la vague de violences, la surenchère de polémiques. Laurent Nuñez, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, s’est rendu mardi à Dijon (Côte-d’Or), pour porter un message de «fermeté». Le quartier des Grésilles (8 500 habitants) a été vendredi, samedi et dimanche soir, le théâtre d’affrontements violents entre des membres des communautés tchétchène et maghrébine, selon les autorités, qui ont fait au moins deux blessés graves, avant que des jeunes du quartier ne prennent la rue lundi, brûlent voitures et mobilier et agressent des journalistes de France 3.
«Inacceptable chaos»
Alors que le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est à nouveau dit «le premier défenseur» des «flics de France», son numéro 2 a, lui, salué «le courage des forces de sécurité intérieure», puis a tenu à «témoigner son soutien à la population et aux élus locaux». Si aucune interpellation ne semble avoir eu lieu les trois premiers jours, il assure, en réponse aux accusations de laxisme et d'impuissance des forces de l'ordre, qu'elles «ne sont pas restées en retrait». Dans la nuit de lundi à mardi, les attroupements ont continué et quatre personnes ont été interpellées. «Nous n'avons identifié aucune présence extérieure, ce sont des personnes originaires de Dijon», dit le préfet, Bernard Schmeltz.
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«Le premier soir, il devait y avoir entre six et dix policiers. Les renforts sont venus trop tard», dénonce de son côté à Libération le maire de la ville, François Rebsamen (PS), en lice pour un quatrième mandat. Il milite pour que les renforts envoyés à Dijon dimanche (110 gendarmes mobiles, plus des membres de la BAC et du Raid) y demeurent «au moins quinze jours». Dans une rhétorique plus que jamais martiale, Marine Le Pen est venue dénoncer la «haine indigéniste» et la «fièvre communautariste». «Inacceptable chaos à Dijon. Les bandes armées doivent être dissoutes. Les gangs désarmés», a de son côté tweeté Jean-Luc Mélenchon.
«Misère»
Les syndicats de policiers ont une nouvelle fois rappelé que les événements, dans cette ville peu habituée aux troubles, appelaient une réponse forte de l'exécutif. David-Olivier Reverdy d'Alliance police nationale a évoqué sur BFM TV son «ras-le-bol de travailler avec aussi peu de moyens». L'expédition punitive menée à Dijon «illustre la décrépitude et la misère des services de police en France». Il martèle que ses collègues dijonnais ont été attaqués à balles réelles. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on peut en effet voir des hommes cagoulés armés de pistolets et de fusils. Il s'agit «pour partie d'armes réelles», estime Laurent Nuñez.
L’origine de ces violences remonte à l’agression, mercredi dernier, d’un habitant du quartier des Grésilles, âgé de 16 ans et d’origine tchétchène. Il a été agressé et menacé, «peut-être dans le cadre d’une affaire de trafic de drogue», a précisé Eric Mathais, le procureur de Dijon. Un appel aurait ensuite été lancé par la communauté tchétchène pour «se faire justice». «Jusqu’à 200 Tchétchènes se sont déplacés vers Dijon», estime François Rebsamen. «Une dérive communautariste et raciste, avec une expédition punitive de Tchétchènes, une vengeance, sur des membres de la communauté maghrébine», selon le procureur Eric Mathais.