Martine Vassal n'est «pas une fraudeuse». C'est elle qui l'affirme après un week-end cauchemardesque pour la candidate LR à la mairie de Marseille, dont la campagne est secouée par des soupçons de fraudes aux «procurations simplifiées» qu'auraient proposées ses colistiers, révélés par Marianne et France 2. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet et son local de campagne perquisitionné samedi.
Lundi, la tête de liste a pris le temps de consulter son staff pour peaufiner sa réponse télévisée. Ambiance «transparence» : «J'ai ouvert les portes et les fenêtres de l'ensemble des permanences que j'ai. Je souhaite que les enquêteurs regardent tout et partout. Même chez mes concurrents», a-t-elle assuré sur BFM TV, tentant de refourguer la patate chaude à ses adversaires politiques.
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Alors que les policiers ont déjà auditionné les deux candidats LR mis en cause par les enquêtes des journalistes, qui mettent au jour un système de recueil des procurations sans passer par la procédure légale, la prétendante à la mairie de Marseille a tout de même indiqué, au passage, qu'elle «prendrait ses responsabilités» si les faits étaient avérés. Avant de contre-attaquer. «Ce que je propose au ministre de l'Intérieur, puisqu'il semble y avoir suspicion, c'est qu'il annule l'ensemble des procurations qui ont été déposées pour le deuxième tour, suggère celle qui, avant l'affaire, demandait au contraire à Christophe Castaner de simplifier les procédures. Comme ça, les choses seront plus claires. Moi, je veux gagner à la loyale !»
«Péril rouge»
Une proposition vite remplacée par une autre, Martine Vassal réclamant dans le même temps l'ouverture «d'un bureau par secteur» pour recueillir les procurations, «avec des officiers» de police judiciaire pour enregistrer les démarches, comme le prévoit la procédure légale. Le «souci» de cette solution, relève-t-elle aussitôt, c'est que les policiers sont «en sous-effectifs» à Marseille, «parce qu'on a des émeutes tous les samedis dans le centre-ville». Comprendre les manifestations «Black Lives Matter» organisées depuis deux semaines à Marseille comme ailleurs en France.
Samedi soir, après avoir manifesté son soutien aux policiers dans la journée, la candidate s'était d'ailleurs mise en situation dans une vidéo sur le Vieux-Port pour dénoncer les échauffourées qui avaient éclaté en fin de cortège, et qui avait donné lieu à trois interpellations dans la ville. «J'ai été choquée par la violence de la gauche et de l'ultragauche», insiste la tête de liste, pas fâchée de dérouler à l'antenne l'un de ses dadas de campagne: le «péril rouge» qui plane sur Marseille, incarné par ses concurrents du Printemps marseillais à l'élection municipale, la liste d'union des gauches menée par Michèle Rubirola, arrivée en tête au premier tour le 15 mars. Rubirola qui, selon la candidate LR, ne serait qu'un faux nez de Jean-Luc Mélenchon. «La ville a besoin d'un patron, pas d'un pantin !» a asséné, péremptoire, la candidate LR.
Passant outre ces complications politico-judiciaires, le maire sortant, Jean-Claude Gaudin, a renouvelé son soutien à Martine Vassal : celui qui présidait aux destinées de Marseille depuis 1995 a qualifié dans la Provence ces affaires de procurations de «légende noire de la vie politique locale». «Il ne faut pas que cette mauvaise polémique détourne les électeurs du véritable enjeu et du choix qu'ils ont à faire pour Marseille et son avenir», ajoute-t-il.