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Libération

Quid de Terra Fecundis, la boîte qui a fait venir des saisonniers pendant la pandémie ?

Dans une ferme en Belgique le 20 avril. (Photo Johanna Geron. Reuters)
publié le 19 juin 2020 à 19h51

Quid de Terra Fecundis, la boîte qui a fait venir des saisonniers pendant la pandémie ?

Plus de 350 saisonniers agricoles, majoritairement venus d'Amérique latine ou d'Afrique, ont été infectés par le Covid-19 dans des clusters apparus début juin dans les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et le Gard. Et dans de nombreux cas, c'est bien l'agence d'intérim espagnole Terra Fecundis qui les a recrutés afin de cueillir fruits et légumes. Une pratique légale, le droit européen permettant à tout étranger résidant légitimement en Europe d'être détaché dans un autre pays. Toutefois, des ouvriers ont dit à CheckNews avoir traversé la frontière en avril en plein confinement. Or du 18 mars au 20 mai, date à partir de laquelle leur arrivée a été autorisée, «les travailleurs saisonniers étrangers n'avaient pas le droit de venir en France», indique le ministère de l'Intérieur. Le franchissement de la frontière était donc illégal.

Depuis 2011 et la mort d'un travailleur équatorien, Terra Fecundis fait régulièrement l'objet d'articles de presse témoignant de pratiques qualifiées «d'esclavage moderne». Fin avril, les autorités françaises ont constaté «une trop grande promiscuité dans les conditions d'hébergement et l'absence de fourniture en eau potable» sur un site des Bouches-du-Rhône. Dans le viseur de la justice française, l'entreprise devait être jugée en mai à Marseille dans un dossier de fraude au travail détaché, reporté en raison de la crise du Covid. Il est reproché à la boîte d'intérim d'avoir mal déclaré ses employés, faisant perdre plus de 112 millions d'euros de cotisations à la Sécurité sociale, de 2012 à 2015.