«Spectaculaire.» C'est le mot choisi par Marine Le Pen il y a dix jours quand on lui demandait de qualifier les résultats du Rassemblement national (RN) aux municipales. Et c'est peu dire qu'il est exagéré. Interrogée sur ses maigres chances de victoires au second tour, la patronne du parti d'extrême droite s'est bornée à ne commenter que la partie réjouissante à ses yeux du scrutin du 15 mars : la réélection de plusieurs édiles RN.
Comme souvent, la réalité est bien différente du discours. Le parti n'a même pas réussi à maintenir tous ses maires en place - il n'en avait que dix - alors que c'était son principal objectif. Le 15 mars ont été réélus David Rachline à Fréjus (Var), Fabien Engelmann à Hayange (Moselle), Joris Hébrard au Pontet (Vaucluse), Julien Sanchez à Beaucaire (Gard), Franck Briffaut à Villers-Cotterêts (Aisne) et Steeve Briois à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). A Béziers, l'allié Robert Ménard a aussi rempilé pour un deuxième mandat dès le premier tour. Mais derrière ce tableau, le RN devrait voir son nombre de conseillers municipaux divisé par deux au soir du second tour. Ce qui est cocasse pour un parti qui n'a pas cessé d'annoncer qu'il allait inonder le pays d'élus, pour avoir «la meilleure opposition possible». L'intox ne survit pas à l'étude précise des chiffres du premier tour, que Libération a réalisée grâce aux données du ministère de l'Intérieur. Sur le papier, le RN n'est en position de l'emporter nulle part ou presque di