Ils ne l'avaient jamais dit de manière aussi claire et officielle depuis l'ère du post-confinement. Dans une note transmise dimanche au gouvernement, les membres du conseil scientifique n'y sont pas allés par quatre chemins pour mettre en garde sur les risques d'une seconde vague épidémique en France, ou a minima d'un rebond très intense. «Une intensification de la circulation du Sars-CoV-2 dans l'hémisphère nord à une échéance plus ou moins lointaine (quelques mois, et notamment à l'approche de l'hiver) est extrêmement probable», écrivent-ils. Pour appuyer leur propos, les experts invoquent d'abord le faible taux d'immunité collective, qui ne concernerait pour l'heure que 5 % de la population française et serait donc «très insuffisante» pour éviter un scénario de reprise épidémique. Le chiffre est plus bas que les pourcentages jusqu'alors annoncés - qui gravitaient autour de 10 % et étaient déjà bien trop faibles pour envisager les effets bénéfiques d'une immunité de groupe.
A cela s'ajoute la circulation encore «très importante» du virus à l'échelle planétaire, «notamment dans l'hémisphère sud qui aborde sa période hivernale», précisent les scientifiques, ainsi que «l'expérience des pandémies grippales qui se sont déroulées en deux ou trois vagues avant d'adopter un rythme saisonnier». Des éléments qui justifient, selon ce groupe d'experts, la «sauvegarde des données de santé» et notamment celles issues du système d'information national de dépistage (Si-Dep) utilisé pour le suivi épidémiologique (via les résultats de tests PCR). «Ces données resteront extrêmement précieuses tant que persistera la menace d'une reprise de la circulation du virus sur le territoire français», justifient-ils. Auditionnés jeudi par la commission d'enquête de l'Assemblée sur la gestion du Covid, quatre membres du conseil avaient indiqué que la menace planait, insistant sur la nécessité de s'organiser dès à présent. «On a quand même quelques semaines, voire j'espère quelques mois, pour préparer des ouvertures de lits […] parce que la deuxième vague pourrait être beaucoup plus importante que la première», avait notamment averti, sans détour, la réanimatrice Lila Bouadma.