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Municipales

A Paris, Anne Hidalgo et Rachida Dati en loyales compagnies

Diamétralement opposés sur les idées, les entourages des deux candidates ont en commun leur constance. Tour des personnages de leur cercle rapproché.
Anne Hidalgo et Rachida Dati avant le débat télévisé du 17 juin. (Photo Thomas Samson. AFP)
publié le 23 juin 2020 à 20h31

Au turn-over dans le camp de la majorité, Anne Hidalgo et Rachida Dati ont opposé la constance de leurs équipes pendant toute la bataille. Côté PS, la maire sortante a envoyé ses adjoints au front. «Elle n'aime pas qu'on l'interroge sur des sujets qu'elle n'a pas préparés, donc on joue ses gardes du corps», expliquait l'un d'entre eux. Dans l'équipe de sécurité : Emmanuel Grégoire. Chef de cabinet de Bertrand Delanoë entre 2009 et 2012, membre de l'exécutif parisien depuis 2014 et premier adjoint d'Anne Hidalgo depuis 2018, il a été omniprésent dès que la machine s'est mise en marche. «On ne veut pas nationaliser, on n'est plus dans le modèle où des ténors venaient adouber des candidats locaux, analysait-il pendant la campagne. Rémi Féraud [le président du groupe socialiste au conseil de Paris, ndlr], moi… ce sont nous les poids lourds, les gens qui comptent.» Tellement qu'il devrait être renommé premier adjoint.

Vision urbaine

Un autre homme est essentiel dans le dispositif Hidalgo. Jean-Louis Missika, 69 ans, n'est ni un professionnel de la politique ni un militant. Depuis trente ans, il fraye tout de même dans les milieux de la gauche, plus libérale que révolutionnaire. Ce n'est qu'en 2008 qu'il se frotte au combat électoral en candidatant dans le XIIe, sur une liste Delanoë. Elu, l'édile socialiste en fera son adjoint, comme Hidalgo en 2014. A la tête de l'urbanisme, il a l'un des plus gros portefeuilles et a beaucoup travaillé sur le projet 2020. La vision urbaine portée par Hidalgo, c'est la sienne qu'on peut résumer en une formule : construire là où c'est encore possible à Paris pour créer du logement et ne pas accentuer l'étalement urbain. Autrement dit : l'inverse de la vision des écolos, qui jugent la ville déjà trop dense.

«Dévoués»

Rachida Dati fonctionne aussi en cercle restreint. D'abord, parce qu'au début, personne ne croyait en elle mais aussi parce que c'est sa façon de fonctionner. «Elle ne travaille qu'avec des gens en qui elle a une confiance aveugle, qui lui sont totalement dévoués», explique Agnès Evren. La présidente de la fédération LR de Paris, porte-parole de Nathalie Kosciusko-Morizet en 2014, ne faisait pas partie des fidèles de Dati. Mais dès le début de la campagne, elle a mis les mains dans le cambouis. Membre de la commission d'investiture, elle a parlé aux uns et aux autres quand la candidate et les maires d'arrondissement sortants n'arrivaient pas à se mettre d'accord, certains refusant de s'affilier clairement à LR.

Il y a aussi Nelly Garnier, qui dirigeait la campagne. Ancienne directrice des études à LR, directrice associée chez Havas, elle est l'auteure d'une note sur la sociologie électorale urbaine qui a influencé la campagne de Dati. Selon elle, les sentiments de déclassement et d'insécurité croissants ont ouvert un marché pour la droite affirmée. Reste Emmanuelle Dauvergne, la fidèle parmi les fidèles. «Elle l'a mieux cernée que les autres et s'est adaptée à ce dont elle a besoin : quelqu'un de loyal, qui reste dans l'ombre, et en même temps une copine», raconte un élu parisien. Sur le papier, elle est adjointe à la mairie du VIIe. En réalité, elle s'occupe un peu de tout, y compris quand il s'agit de se confronter à ceux qui ont déplu à sa patronne.