Le 2 juin, à la surprise générale, plus de 20 000 personnes se massent sur le parvis du tribunal judiciaire de Paris, alors que tout rassemblement est encore interdit en raison de l'Etat d'urgence sanitaire. Quelques jours après la mort de l'Afro-Américain George Floyd à Minneapolis, cette foule jeune et hétéroclite répond à l'appel du Comité «Vérité et Justice pour Adama», du nom de ce jeune homme décédé en 2016 dans une caserne de gendarmerie de Persan (Val-d'Oise). Assa Traoré, la sœur du défunt, harangue la foule : «Peu importe d'où tu viens, peu importe ta couleur de peau, peu importe ta religion, peu importe ton orientation sexuelle, tu ne dois pas rester spectateur face à l'injustice, face au meurtre, face à l'impunité policière !»
Des mots qui embrassent l’idéal intersectionnel, théorisant la pluralité des discriminations et qui, sur le terrain militant, conduisent à une «convergence des luttes» avec les combats féministes, sociaux ou écologistes. D’où, d’ailleurs, la présence de gilets jaunes ou d’activistes de l’organisation Extinction Rebellion lors d’une nouvelle mobilisation le 13 juin place de la République à Paris, réunissant 15 000 personnes. Autant de protagonistes qui, ces dernières années, ont fait l’expérience, comme les habitants des quartiers populaires, de la «répression» des forces de l’ordre.
Entre-temps, le 9 juin, un autre rassemblement organisé par SOS Racisme pour rendre hommage à George Floyd ne réunit que 2 400 personnes. Un contraste qu