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Interview

Anticor : «Il est temps de couper le cordon ombilical entre la garde des Sceaux et le parquet»

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La président de l'ONG, Elise Van Beneden, réagit à la publication d'une note d'Emmanuel Macron dédouanant le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, dans une affaire judiciaire ensuite close.
Elise Van Beneden, avocate au bareau de Paris et présidente d'Anticor, à Paris en 2019. (Photo Rémy Artiges pour Libération)
publié le 24 juin 2020 à 18h53

Actuel secrétaire général de l'Elysée après avoir été directeur de cabinet d'Emmanuel Macron à Bercy, Alexis Kohler est mis en cause pénalement pour sa double casquette de grand serviteur de l'Etat et de membre de la famille actionnaire du croisiériste MSC. Après clôture d'une enquête préliminaire, l'ONG Anticor a porté plainte pour «prise illégale d'intérêt». Mediapart vient de faire grand cas d'une attestation de moralité signée Emmanuel Macron. Légitime défense ou illustration d'une atteinte à la séparation des pouvoirs ? Elise Van Beneden, présidente de l'association anticorruption, partie civile dans le dossier, s'en explique pour Libération.

La lettre d’attestation de moralité de Macron à son ex-conseiller Alexis Kohler et transmise par son avocat au Parquet national financier est-elle une nouvelle violation de la séparation des pouvoirs ?

Si le chef de l'Etat a rédigé ce courrier daté du 1er juillet, c'est forcément dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte contre Alexis Kohler. Le président de la République ne doit jamais intervenir dans une procédure judiciaire en cours, du fait de son rôle de garant de l'indépendance de la justice et du fait du principe constitutionnel de séparation des pouvoirs. Or, ici, nous sommes clairement dans une intervention de l'exécutif dans une affaire judiciaire en cours. Y a-t-il eu d'autres pressions, d'autres interventions plus officieuses ? Une enquête doit être diligentée afin de le savoir. La Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) a travaillé pe