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Municipales

A Villeurbanne, la gauche enfin unie

Dans la ville historiquement socialiste où chacun s’était lancé dans la course à la mairie de son côté, le candidat PS, arrivé en tête, a fini par rassembler les communistes et les Verts autour de lui.
Le candidat socialiste Cédric Van Styvendael, le 15 janvier à Villeurbanne. (Bruno AMSELLEM/Photo Bruno Amsellem pour Libération)
publié le 25 juin 2020 à 19h11

Il est celui que beaucoup ont découvert, en marge du drama qui agite depuis des mois la scène politique lyonnaise. Cédric Van Styvendael, 46 ans, est socialiste et compte bien garder la main sur la cohorte de soutiens qu’il est parvenu à mettre en branle. Arrivé en tête du premier tour des élections municipales à Villeurbanne (Rhône) avec 33 % des voix, ce spécialiste du logement social est en passe de faire mentir l’une des nouvelles lois naturelles des gauches françaises : lorsqu’un maire rose ne se représente pas, c’est un vert qui prend sa place. Il y a six mois, les écolos ne cachaient en effet pas leur appétit pour la vingtième ville du pays (150 000 habitants), premier satellite banlieusard de Lyon, acquis à la gauche depuis plus d’un siècle et gouvernée depuis 1977 par les socialistes.

Un temps considérée comme la favorite du scrutin municipal, la candidate Europe Ecologie-les Verts, Béatrice Vessiller, est arrivée en deuxième position au premier tour, avec plus de 27 % des suffrages. Un score qu’elle met désormais au service de Van Styvendael, tirant un trait sur les bisbilles qui l’avaient opposée par le passé au maire PS sortant, Jean-Paul Bret.

«Calculette»

Au terme de trois mandats, ce dernier a décidé de «ne pas faire [celui] de trop». Comprendre : pas comme son contemporain Gérard Collomb, avec qui Bret a rompu lorsque l'édile lyonnais s'est mis à marcher derrière Emmanuel Macron. La voie était donc dégagée pour Cédric Van Styvendael et son projet de «grand rassemblement» : ce novice en politique, issu de la société civile, s'est d'abord employé à rallier toutes les composantes locales de la gauche atomisée par les élections européennes de 2019 - Parti communiste, Parti radical de gauche, Génération·s, Place publique et les insoumis villeurbannais, en rupture avec le comité électoral de La France insoumise.

«Ce n'était pas du tout gagné, mais on a bossé avec les habitants, il y a une vraie soif de réconciliation chez les électeurs, qui ne vont pas voter avec leur calculette mais avec leurs valeurs, leurs tripes», veut croire le candidat, dont le nouvel attelage comprend désormais près d'un tiers d'écologistes. Face à ce bloc rose-rouge-vert, l'opposition fait pâle figure : l'ex-socialiste Prosper Kabalo, premier adjoint au maire de Villeurbanne et investi par La République en marche, a plafonné à 15 % des voix le 15 mars.

Transfuges

Cédric Van Styvendael continue pourtant de se méfier des transfuges issus de son propre camp - à l'image de Kabalo -, qui revendiquent le bilan de Bret tout en étant les mieux placés pour pointer ses faiblesses. Le candidat craint également l'irruption dans le débat, à mesure que se rapprochera la présidentielle, d'enjeux nationaux capables de «brouiller l'union locale» une fois élu. Mais il y croit fort. S'il compte bien «ne pas totalement se faire engloutir par la vague verte», il confie sa hâte de voir émerger ce «formidable laboratoire» que préfigure la victoire des écolos à Lyon et que la sienne à Villeurbanne contribuera à asseoir. Avec une formule qu'on n'avait pas entendue depuis des lustres dans la bouche d'un socialiste : «Putain, ça va le faire !»