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Libération

Fermeture de l’usine Luxfer : «Augmenter la pression»

Par
Sonia Reyne
Envoyée spéciale à Gerzat
Publié le 25/06/2020 à 20h21

La journée de mobilisation devant les portes de l'usine Luxfer, dans la bien nommée rue de l'Industrie, à Gerzat (Puy-de-Dôme), aux portes de Clermont-Ferrand, a pris jeudi des airs d'université d'été de gauche. Quelque 400 personnes ont cuit sous un soleil de plomb pour manifester leur soutien aux ex-salariés de l'usine de bouteilles d'oxygène médical «dont le monde aurait eu tant besoin [face au Covid-19] et dont on a aujourd'hui tant besoin étant donné que l'épidémie continue dans l'hémisphère Sud», explique le député européen LFI Manuel Bompard, qui a fait le déplacement avec une grosse brochette d'élus de gauche et de syndicalistes.

Les prises de parole se succèdent pour que le «jour d'après» ne soit pas pire que le jour d'avant. Et ici, le vrai jour d'après, ce serait le redémarrage de cette usine devenue le symbole d'une politique de relocalisation. «Il y a besoin de cinq minutes pour redémarrer l'usine. Que fait Emmanuel Macron ? interroge encore Manuel Bompard. Le savoir-faire est là, les ouvriers sont là. Ce rassemblement, c'est pour augmenter la pression.»

Pour les ouvriers de Luxfer, la crise sanitaire a révélé une fragilité industrielle contre laquelle ils se battent depuis longtemps. Jeudi, tout à la joie de se retrouver après le confinement, ils se disent presque surpris d’avoir raison et que leur lutte ait trouvé un écho aussi fort dans les médias.

A la tribune, les représentants syndicaux d'anciens fleurons de l'industrie régionale, appartenant pour l'essentiel, à des fonds d'investissement, témoignent de leurs craintes. Les Air Liquide, Sabart, Aerotech, Michelin, Dietal, MSD, Aubert et Duval sont là. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, rappelle son soutien aux ouvriers : «Vous aviez raison hier de défendre votre outil de travail, avant la crise du Covid-19. Vous avez encore plus raison aujourd'hui. Cette usine, elle va redémarrer. Ce sera une victoire méritée, et cette victoire sera un point d'appui pour les jours d'après.»

Au pied de la tribune, autour de la buvette, la mobilisation sociale se transforme en sprint final pour la campagne municipale. Tout ce que compte la gauche locale fraie avec les guest-stars. Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot ou Emilie Marche, conseillère régionale LFI, sont aux côtés de leur candidate à la mairie de Clermont-Ferrand, Marianne Maximi. Celle-ci s'est maintenue pour le second tour dimanche, s'immisçant dans le duel entre le Parti socialiste d'un côté et une alliance Les Républicains-La République en marche de l'autre. Les députés européens socialistes Raphaël Glucksmann et Christine Pires Beaune sont venus soutenir les Luxfer avec Olivier Bianchi, le maire PS sortant.