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Municipales : de Lyon à Besançon, des changements de bord ?

Si le seul grand espoir RN est Perpignan, socialistes et écolos pourraient s’emparer de plusieurs grandes villes ce dimanche.
Le candidat EE-LV à la mairie de Lyon Grégory Doucet (à gauche, en manteau noir) et le député européen David Cormand (au centre, en manteau beige) en campagne à Lyon, le 5 mars. (Bruno AMSELLEM/Photo Bruno Amsellem)
publié le 26 juin 2020 à 20h21

Les marchands de drapeaux verts et roses attendent beaucoup du deuxième tour des municipales. A défaut d'écouler leur stock, ils devraient voir flotter quelques-uns de leurs pavillons tout neufs, couleur EE-LV ou PS, en haut de certains hôtels de ville. Et pas des moindres. Lyon, troisième ville de France, pourrait glisser dans les bras de Grégory Doucet, le candidat EE-LV épaulé par une large union de la gauche allant du PS à LFI. Arrivé en tête au premier tour (28,46 %), l'écolo, cadre dans l'humanitaire de 46 ans, fait figure de favori dans la triangulaire qui l'oppose à l'alliance entre LR et le poulain de Collomb d'un côté et à la doublette Georges Képénékian-David Kimelfeld, ex-copains de l'ancien premier édile de la ville de l'autre. Un sondage Fiducial pour Lyon Capitale donne aussi Bruno Bernard (EE-LV) vainqueur à la métropole, avec 37 % des voix - cinq points devant le LR François-Noël Buffet. Si la gauche échoue à Marseille, les écolos pourront s'implanter durablement en Auvergne-Rhône-Alpes après Grenoble.

Besançon aussi, 116 000 habitants, les verts se rêvent en fossoyeurs des ambitions macronistes. Anne Vignot, candidate EE-LV soutenue par le PS et le PCF, et déjà élue au conseil municipal, semble prête à conquérir la citadelle dirigée depuis 2001 par Jean-Louis Fousseret, maire socialiste passé à LREM mais qui ne se représente pas. En tête au premier tour (31,21 %), l'écolo devrait s'imposer sans trop d'encombres face à Ludovic Fagaut (LR, 23,59 %) et Eric Alauzet (18,89 %), député LREM venu… des Verts.

Côté PS, on espère sabler le champagne dans deux grandes villes. A Nancy, capitale de la Lorraine et fief de centre droit depuis des lustres, le conquérant s'appelle Mathieu Klein, 44 ans et président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle depuis 2014. Fort de ses 37,89 % le soir du 15 mars, il peut compter sur le soutien des écolos, ralliés avec leurs 10,24 % à la liste PS. En face : le maire sortant, Laurent Hénart, président du Mouvement radical (le pendant droitier du PRG), 35 % et quasi aucune réserve de voix à droite.

Montpellier, le bureau du maire pourrait repasser sous bannière socialiste. Dimanche, une triangulaire oppose le maire sortant, Philippe Saurel (divers gauche et Macron-compatible) au candidat PS Michaël Delafosse (soutenu par EE-LV) et à un quatuor de bric et de broc composé du milliardaire Mohed Altrad, d'un humoriste animaliste, d'une infirmière écolo et d'une ancienne tête de liste LFI. Numériquement, cet attelage est puissant mais un sondage Ifop donne Delafosse vainqueur, avec 40 % des voix, contre l'édile sortant à 35 % et l'arche d'Altrad à 25 %.

En revanche, 2020 ne promet pas d'être une grande année de conquête pour le Rassemblement national même si Perpignan et ses 120 000 habitants pourraient basculer aux mains de Louis Aliot, arrivé en tête du premier tour (35,66 %), très loin devant le maire sortant, Jean-Marc Pujol (LR), resté en dessous des 20 % (mais qui bénéficie d'un front républicain pour le second tour). Un gros arbre de nature à cacher la forêt de l'échec de l'extrême droite aux municipales. Mais le RN pourrait aussi s'accorder une victoire symbolique à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne. Romain Lopez a frôlé la victoire dans la ville de 13 000 habitants, connue pour avoir offert refuge à près de 500 enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.