Il y a un an, personne ne se serait risqué à dire que Paris était acquis à la gauche. A l'époque, le bilan d'Anne Hidalgo était pointé du doigt et les marcheurs promis à un avenir radieux. Entre-temps, ils ont enchaîné les erreurs et changé de candidat, laissant à la socialiste toutes les chances de l'emporter. Arrivée en tête du premier tour avec 29,33 % des voix, elle s'est alliée aux écolos (10,79 %) pour le second. Face à l'union de la gauche - sans les insoumis -, la LR Rachida Dati (22,72 %) aura beaucoup de mal à sortir la gagnante. Mais l'ex-garde des Sceaux de Sarkozy peut quand même revendiquer une victoire : elle devrait arriver devant Agnès Buzyn (17,26 %), signe qu'elle aura réussi à réaffirmer la droite parisienne face aux marcheurs qui chassaient sur ses terres.
Le PS devrait également conserver son bastion de Nantes. Là aussi, trois femmes sont en compétition. Arrivée largement en tête avec 31,36 % des voix et alliée aux écolos (19,58 %), la maire sortante est ultrafavorite face à la candidate LR Laurence Garnier (juste en dessous des 20 %) et la marcheuse Valérie Oppelt (13 %). L'union de la gauche devrait aussi l'emporter à Rennes, où la maire sortante socialiste Nathalie Appéré, arrivée en tête du premier tour (32,78 %), a fusionné avec les écolos (25,37 %). Elle affrontera une liste LREM (14,29 %) et une liste de droite (12,21 %).
Rouen devrait également rester à gauche, tout en changeant d'édile, le sortant socialiste Yvon Robert, élu depuis 2012, ayant décidé de passer le relais. Au soir du premier tour, c'est le candidat du même parti, Nicolas Mayer-Rossignol, qui est arrivé en tête avec 29,52 % des voix, devant la liste écolo menée par Jean-Michel Bérégovoy (23,16 %), qui l'a donc rallié. En face, Jean-Louis Louvel, le candidat du centre droit arrivé en troisième position (16,79 %) a jeté l'éponge à la reprise de la campagne, laissant le divers droite Jean-François Bures (10,16 %) affronter l'alliance de la gauche.
De leur côté, les écolos ont toutes les chances de conserver leur vitrine de Grenoble, où le maire sortant Eric Piolle et son «arc humaniste» mêlant EE-LV, LFI, le PCF et Génération·s ont recueilli 46,68 % des suffrages. Seul le candidat PS n'est pas de la partie. Ex-délégué interministériel au sein du gouvernement de Philippe, Olivier Noblecourt a dénoncé tout au long de la campagne la politique «dogmatique» du sortant. Qui le lui a bien rendu, fermant la porte aux discussions après le premier tour. Le socialiste a lui-même décliné la main tendue de la candidate LREM… qui avait elle-même refusé celle du candidat LR. Résultat : quatre candidats s'affrontent au second tour.
Parmi les villes que la droite devrait conserver : Nice. Débarrassé de son ancien bras droit Eric Ciotti, qui a un temps voulu prendre sa place, et sans adversaire LREM, Christian Estrosi a recueilli 47,63 % des voix au premier tour. Pour le second, il sera opposé au candidat du RN Philippe Vardon (16,70 %) et à l'écolo Jean-Marc Governatori (11,30 %), lequel n'a pas réussi à s'unir aux autres listes de gauche.
Pau devrait être l'un des rares lots de consolation de la majorité, qui ressortira très probablement affaiblie de l'épreuve du local. François Bayrou, élu en 2014 après une succession d'échecs (deux municipales mais aussi trois présidentielles et des législatives), est en bonne position. Au premier tour, avec 45,83 % des voix, il est arrivé loin devant les candidats PS (21,98 %), EE-LV (14,63 %) et LFI (5,37 %), qui se sont cependant alliés pour le second.