Peut-être n’est-ce pas très juste, mais la droite paraît résignée : dimanche, même si elle conserve la plupart de ses positions, c’est sur une poignée de métropoles que sera jugée sa campagne. Au premier tour, ses candidats s’étaient vus reconduits haut la main à Caen, Reims ou Cannes ; au second, elle conservera sans doute Nice, Limoges ou encore Saint-Etienne. Peut-être gagnera-t-elle en prime Metz, Biarritz et Orléans. Mais ce sont des terres plus incertaines qui ont concentré l’attention ces dernières semaines, et qui conditionneront la lecture des résultats.
A Marseille, «Martine Vassal aurait fait beaucoup de bien à la ville», regrette déjà une figure de LR, qui tient sa défaite pour acquise : entre passif de l'ère Gaudin, dissidence du sénateur Bruno Gilles et soupçons de fraude aux procurations, la droite n'a jamais semblé aussi proche de perdre la seconde ville de France. A Lyon, même l'attelage controversé qu'elle a formé avec Gérard Collomb ne lui garantit pas la victoire sur les Verts à la mairie et à la métropole. A Toulouse, plusieurs sondages ont donné à la liste d'union de la gauche Archipel citoyen une avance, certes très mince, sur le sortant LR Jean-Luc Moudenc. A Paris, derrière les éloges publics de la campagne Dati, beaucoup redoutent que la vérité des urnes ne soit moins flatteuse. Avec Perpignan, enfin, c'est une ville LR qui pourrait offrir son plus beau trophée au Rassemblement national, en cas de victoire de Louis Aliot. Le tout sur fond de poussée écologiste. «Je vois bien les titres : "Forte progression des Verts, les LR maintiennent leurs positions", anticipait un député en début d'année. Ça ne fait pas une victoire…»
Difficile, c’est vrai, d’être jugé à l’aune des succès historiques de 2014. La droite ne fera peut-être jamais mieux et pourrait se satisfaire de conserver le gros de ces acquis. A la clé, plusieurs centaines de maires de petites et moyennes villes : peu ou pas présents dans le débat national, ils sont pourtant une ressource vitale pour un parti qui enchaîne les défaites depuis 2017. Sauf surprise, ils devraient ainsi lui permettre de préserver la majorité de droite au Sénat, où la moitié des sièges doivent être renouvelés en septembre au suffrage indirect. Vu l’importance de l’institution dans la stratégie d’opposition de LR, ce n’est pas une petite satisfaction.
Autre consolation : le gadin annoncé de la majorité macroniste. Dans le rapport de force qu'il a engagé avec la droite, le parti présidentiel aura vraisemblablement le dessous, pour la première fois depuis trois ans. Le secrétaire général de LR, Aurélien Pradié, s'en félicitait d'avance mi-mars : «On aura peut-être du mal à désigner le vainqueur, mais ce sera facile de trouver le perdant. Notre réussite, c'est aussi l'échec de LREM.» Même si les deux partis ont conclu plusieurs alliances locales, qui en embarrassent plus d'un chez LR : à Lyon, Bordeaux, Strasbourg et Clermont-Ferrand, entre autres, droite et macronistes perdront ou gagneront ensemble.