C'est un chiffre que la maire de Paris, Anne Hidalgo, répète à l'envi depuis le début de l'année. «Aujourd'hui, Paris, c'est 80 % de classes moyennes et de catégories populaires», répondait-elle encore à Agnès Buzyn lors du débat télévisé du 17 juin. Pourtant, l'étude de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) parue en janvier 2020, et sur laquelle la maire explique s'appuyer, évoque un taux de 72 % de classes populaires et moyennes, et non de 80 %. Mais cette donnée, surtout, remonte à 2013. En effet pour effectuer son calcul, l'Apur s'est servi de la dernière enquête nationale logement menée par l'Insee cette année-là, qui calcule le revenu médian par unité de consommation (UC). L'Apur reprend une méthode de l'OCDE qui définit la «catégorie des revenus intermédiaires» comme les «personnes vivant dans les ménages dont le revenu se situe entre 75 % et 200 % du revenu national médian». Résultat : avec les classes populaires, elles représenteraient 72 % du total des Parisiens, contre 28 % de hauts revenus. C'est moins qu'en Ile-de-France (80 %) et largement moins qu'au plan national, puisque la France ne comptait que 10,5 % de revenus supérieurs. Hidalgo surestime donc la part des classes moyennes et populaires à Paris, et s'appuie sur des données récoltées un an avant son arrivée à l'Hôtel de Ville… pour vanter le résultat de son action. Il faudra, pour mesurer son bilan en la matière, attendre la nouvelle enquête logement de l'Insee, dont les résultats devraient être connus en 2023.
Y a-t-il 80 % de classes moyennes et populaires à Paris, comme le dit Hidalgo ?
publié le 26 juin 2020 à 17h46
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