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Libération

Affaire Fillon : la droite met la pression pour avoir la peau du PNF

publié le 28 juin 2020 à 18h46

L'occasion était trop belle. Alors que le jugement du procès de François Fillon, de son suppléant Marc Joulaud et de son épouse Penelope pour les soupçons d'emplois fictifs de cette dernière (Libération du 10 mars) est attendu ce lundi en milieu de journée, Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes et fervent soutien de l'ex-Premier ministre durant sa campagne présidentielle de 2017, a annoncé dimanche dans le JDD le dépôt d'une proposition de loi pour «supprimer» purement et simplement le Parquet national financier (PNF). Lequel, tonne le ténor de la droite dure, serait devenu «une juridiction d'exception», symbole d'une justice «touchée par le poison du soupçon de la politisation»

L'institution installée par François Hollande en 2014 après la déflagration de l'affaire Cahuzac, chargée de la lutte contre la grande délinquance économique et financière, traverse depuis deux semaines une zone de fortes turbulences. D'abord à la suite des déclarations de son ex-patronne, Eliane Houlette, devant la commission d'enquête parlementaire sur l'indépendance de la justice : le 10 juin, l'ex-procureure faisait état de la «pression» qu'elle aurait subie de la part du parquet général de Paris dans la conduite de l'affaire Fillon. Pression à caractère «purement procédural», a-t-elle ensuite rectifié, regrettant que ses propos aient été «déformés ou mal compris» - trop tard pour éteindre la polémique. La défense de Fillon a invoqué ces propos pour demander la réouverture des débats et un report du jugement - réponse ce lundi - et Emmanuel Macron a saisi le Conseil supérieur de la magistrature. Est depuis venu s'ajouter le soupçon d'indulgence envers le pouvoir autour du classement sans suite, en août 2019, de l'enquête pour conflit d'intérêts visant le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler. Jeudi, enfin, le Point révélait que, dans sa traque d'une «taupe» dans l'affaire dite des écoutes de Nicolas Sarkozy, le PNF avait épluché les factures téléphoniques de plusieurs ténors du barreau.

Séquence qui a vu plusieurs figures de droite - Ciotti, Christian Jacob ou Rachida Dati - s'engouffrer dans la brèche pour remettre en cause l'existence même du PNF. Côté syndicats de magistrats, on y voit plutôt l'occasion de reposer la question du statut des parquets. La Conférence nationale des procureurs de la République appelle, elle aussi, à une réforme afin d'en finir avec «la suspicion permanente».