Jean-Claude Gaudin avait raison. Sa fameuse «théorie des courants», qui veut que, quelques jours avant l'élection, l'un d'eux cristallise autour de lui une dynamique qui le fait l'emporter, était en passe de se vérifier dimanche soir à Marseille, selon les dernières estimations et les premiers résultats. Mais ce courant-là était porté par Michèle Rubirola, la candidate du Printemps marseillais (rassemblement de la gauche), qui semblait dimanche soir rafler la mise en s'imposant dans au moins quatre des huit secteurs de la ville. Avec un score de près de 40 % en moyenne sur l'ensemble contre 29 % pour son adversaire de droite, Martine Vassal. Une victoire qui mettrait fin à vingt-cinq ans de règne sans partage de la droite sur la ville et qui verrait la gauche diriger simultanément Paris, Lyon et Marseille. Une première.
Fief
En plus des trois secteurs où l’union des gauches était arrivée en tête au premier tour, le Printemps était en passe dimanche peu avant minuit de gagner le 6-8, fief historique de la droite, où Jean-Claude Gaudin l’avait systématiquement emporté dès le premier tour depuis 1995. En début de soirée, l’union des gauches semblait encore pouvoir l’emporter dans le 11-12, tenu par la députée Valérie Boyer et théâtre principal des soupçons de fraudes dans le camp Les Républicains, révélées par les médias et sous le coup d’une enquête préliminaire de la justice. Mais en fin de soirée, une victoire de la droite a été officiellement déclarée. Dans le 15-16, d’abord porté au crédit du Printemps marseillais, mais où Samia Ghali n’avait pas dit son dernier mot, les deux listes étaient au coude à coude. D’abord prévue à 22 h 30, la prise de parole de Michèle Rubirola était retardée au fur et à mesure de résultats de plus en plus serrés.
Au QG de Martine Vassal, la garde rapprochée de la candidate de droite gardait close la porte du petit bureau où l’atmosphère se plombait au fil des heures. Si la candidate, elle-même battue dans son secteur, n’avait pas prévu de parler avant que l’ensemble des bulletins de vote n’aient été dépouillés, l’ambiance était plutôt morose dans le local, où des militants passaient parfois une tête inquiète.
Martine Vassal, ce dimanche à Marseille, le matin puis dans la soirée.
Photo Patrick Gherdoussi
Autre grand perdant de la soirée, le RN Stéphane Ravier a lui aussi tardé à apparaître devant la presse et des militants déconfits. En duel face à LR, il n’a pas pu lutter (48 % contre 52 %) et il rend donc à la droite le secteur du nord de Marseille où il s’était imposé en 2014 à la faveur d’une triangulaire.
Inconfortable
Le succès de la gauche devra encore se consolider lors de l’élection du maire au troisième tour en fin de semaine. Si le Printemps ne remportait au final que quatre secteurs, Michèle Rubirola pourrait bien devoir se contenter d’une inconfortable majorité relative au conseil municipal de Marseille. Les électeurs de gauche n’avaient pas encore envie d’y penser et, sans attendre les résultats définitifs, en fin de soirée, des Marseillais commençaient à affluer vers le Vieux-Port, situé dans le premier secteur où la victoire, au moins là, était très clairement acquise.