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reportage

Vague écolo : «C’est ce soir que tout commence»

Les cadres d’EE-LV savouraient dimanche soir dans leur QG parisien les succès du parti dans de nombreuses villes de France, dont Bordeaux, Lyon, Strasbourg ou Poitiers. Enfin aux manette, ils se savent désormais attendus au tournant.
Pierre Hurmic, candidat EE-LV à la mairie de Bordeaux, célèbre sa victoire dimanche soir. (Rodolphe ESCHER/Photo Rodolphe Escher pour Libération)
par Rachid Laïreche et Juliette Mély
publié le 29 juin 2020 à 8h39

Une habitude. Un an après les européennes, ils se retrouvent dans le même rade sur les quais de Seine, à Paris. Les écologistes font la fête. Ils rêvaient d’une belle soirée. Elle est aussi grande que prévu. Les noms des villes victorieuses tombent comme la pluie : Poitiers, Tours, Annecy, Besançon, Strasbourg, Bordeaux… La ville rose, Toulouse, manque la marche de peu. Celle du Nord, Lille, aussi. Ça ne gâche pas vraiment la soirée. Les Verts célèbrent un «jour historique». L’ancien, Noël Mamère, est dans le coin, au cœur de l’euphorie. Les mots sont sérieux. Il parle de la «bascule» de l’opinion publique et du «signe de confiance» donnée aux écolos et à la nouvelle génération «pour gérer les territoires importants».

Les écologistes passent une étape. L’heure est à l’ancrage territorial. Les élections ne s’arrêtent jamais. Les régionales, départementales et présidentielles arrivent à grande vitesse. Les débats existent même les soirs de victoire. Nabila Keramane, ancienne conseillère régionale d’Ile-de-France, évoque le déferlement d’une «vague verte». D’autres tempèrent. Ils préfèrent le terme «poussée verte». Toutes les têtes présentes ne ferment pas les yeux. Pas question de mettre l’abstention de côté : elle a atteint un nouveau record pour les municipales (60%). Les nouveaux édiles qui ont parlé de la démocratie tout au long de la campagne vont devoir poser des actes après les promesses.

«Le rêve de Jean-Vincent Placé»

Les écologistes se fendent la poire. Ils sont joyeux. Lorsqu'on rappelle que les différentes dynamiques sont nées avec les autres forces de gauche, ils acquiescent. Et soulignent que l'écologie est centrale dans tous les programmes. Donc, eux. Le chef du Parti socialiste, Olivier Faure, ne perd pas de temps avec la bataille de muscles. Dimanche soir, sur tous les plateaux, il répétait à tout le monde (mais surtout aux écologistes) que l'histoire peut-être encore plus belle à condition de rester en bande. Une figure verte se marre : «Il a raison sur le fond mais c'est normal qu'il dise ça, on a failli lui prendre Lille et on lui a arraché Poitiers, sans compter notre victoire à Strasbourg contre une socialiste et un ancien socialiste devenu marcheur. Ça fait beaucoup.»

Dans le bar, en fin de soirée, l’euphorie a quitté les lieux. Le calme règne. Les bières coulent. Les confessions se multiplient. L’ancien chef, David Cormand, échange avec l’actuel, Julien Bayou. La sénatrice Esther Benbassa est présente aussi. Elle se renseigne sur tous les scores. Les écologistes ne se lassent pas des bonnes nouvelles. Pas question de parler du futur et des bastons internes à venir pour désigner un candidat à la présidentielle (Jadot ou Piolle ?). Ils savourent, les Verts. Ils remontent dans le passé aussi. On entend : «Nous sommes en train de devenir un vrai parti, avec des élus locaux, des mairies et un ancrage territorial… le rêve de Jean-Vincent Placé, qui en avait marre de ne faire que des bons scores aux européennes», rigole à haute voix un élu. La nuit s’annonce courte mais Julien Bayou persiste : «C’est ce soir que tout commence.» Peut-être que ça sera un peu plus raisonnable après une bonne nuit de sommeil.