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Bilan

Chez LR, «territoires» qui rient, métropoles qui pleurent

Les municipales s'achèvent en demi-teinte pour une droite forte dans les communes petites et moyennes, mais défaite en plusieurs lieux symboliques, Marseille et Bordeaux en tête.
Rachida Dati dimanche à Paris, au soir du deuxième tour des municipales. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 29 juin 2020 à 6h44

Il y a, bien sûr, la vue d'ensemble, celle que le président de LR Christian Jacob s'est efforcé de faire valoir dimanche soir : à l'issue du second tour des municipales, son parti reste la première force municipale. La droite a «renoué avec la victoire», s'est-il félicité sur France 2, revendiquant la gagne dans «plus de la moitié des villes de plus de 9 000 habitants». A ses acquis, LR a même ajouté de nouvelles prises, telles que Metz, Biarritz, Lorient, Orléans ou Briançon. «Il y a quelques mois encore, nous devions disparaître, rappelle le secrétaire général du parti, Aurélien Pradié. Ce n'est donc pas rien de se maintenir à un haut niveau.» Le vice-président Guillaume Peltier a salué quant à lui une «victoire des Républicains dans la France majoritaire, celle des villes moyennes et des provinces». Un résultat de bon augure, juge-t-on, en vue des scrutins sénatoriaux, départementaux et régionaux.

Des symboles qui font mal

Il y a aussi, pourtant, ces symboles qui font mal. Ils se concentrent dans quelques métropoles symboliques, mais très observées, où le tableau est tout à fait inverse. Avec Bordeaux et Marseille, deux joyaux de la couronne LR basculent à gauche. A Lyon, Strasbourg et Paris, ce sont des opérations de conquête qui échouent dans les grandes largeurs. Dans les deux cas, même des alliances locales avec LREM, embarrassantes pour les directions des deux partis, n'auront pas permis de passer la barre.

Sur les dix premières villes de France, la droite n'en détient plus que deux, Nice et Toulouse – la seconde conservée de justesse. «Il y a clairement une dichotomie entre la France des territoires et les grandes villes», analyse une figure du parti, pour qui «tout cela ne nous aide pas en vue de la présidentielle : la force d'alternance, c'est de moins en moins nous, de plus le RN ou l'écologie» – cette dernière forte de conquêtes limitées en nombre, mais spectaculaires.

«Incarner l’écologie»

Dans ces conditions, le plus gros danger pour la droite serait «le déni de réalité», poursuit cet élu, pas rassuré par la satisfaction affichée dimanche par le parti. Ces dernières années, tout à sa volonté d'incarner les «territoires» face au champion des «élites», la droite a souvent pointé du doigt la «France des métropoles» et les aspirations prêtées à ses habitants. Ce fut l'un des registres favoris de l'ex-président de LR, Laurent Wauquiez, lequel se flattait d'être détesté du «milieu bobo urbain». Le parti, en outre, a largement fait l'impasse sur la question écologique, au point que certains y redoutent d'être débordé sur ce thème par le RN et sa promotion du «localisme».

«La droite a réussi à incarner les territoires, il lui reste désormais à incarner l'écologie pour reconquérir les grandes villes et les citadins», estime donc le président du groupe LR à l'Assemblée, Damien Abad. «Les Français n'adhèrent pas aux thèses décroissantes des écolos, mais ce parti porte une espérance, abonde Aurélien Pradié. Sur les sujets sociaux, la consommation… Si la droite a quelque chose à dire sur ces sujets, elle pourra aussi porter un espoir.» Mais elle devra le dire vite.