Sa nomination avait fait ruer dans les brancards. Quand, en juin 2014, François Hollande sort de son chapeau le nom de Jacques Toubon pour occuper le poste de Défenseur des droits, après le décès en fonction de son prédécesseur Dominique Baudis, une bonne partie de la gauche et du monde associatif n’en revient pas. Comment Toubon, chiraquien de 73 ans, qui a voté contre l’abolition de la peine de mort en 1981 et s’est plus tard opposé au pacs, pourrait-il être l’homme de la situation ? Une pétition contre sa nomination recueille alors plus de 95 000 signatures.
Six ans plus tard, Jacques Toubon quitte ses fonctions auréolé d'un bilan inattaqué (et inattaquable) et d'une image impeccable, idole des jeunes et de tout ce que la France compte de défenseurs des libertés publiques. «Exigence», «autorité», «rigueur», les observateurs redoublent de compliments pour décrire le travail du quasi-octogénaire, qui dresse un ultime bilan de son action lors d'une conférence de presse ce mercredi, avant de quitter ses bureaux de la place de Fontenoy, à Paris, le 17 juillet. Il souhaite voir une femme lui succéder.
«Mister Allgood»
A Libé, François Hollande confie n'avoir pas hésité longtemps avant de nommer Toubon. «Je voulais une personne issue de l'opposition pour montrer que cette question des droits ne devait être l'apanage ni de la gauche ni de la droite, mais de la République.» Il dit avoir à l'époque remarqué chez lui des prises de position «courageuses»