Menu
Libération
Profil

Léonore Moncond’huy, du scoutisme à la mairie de Poitiers

Leonore Moncond’huy. (Photo Claude Pauquet. VU)
publié le 30 juin 2020 à 19h41

La victoire de Léonore Moncond'huy fait remonter des souvenirs de cinéma. Dans M. Smith au Sénat de Frank Capra, un jeune scout idéaliste et un brin naïf, incarné par James Stewart, se voit propulsé au Congrès où il a l'intention de défendre son projet de colonie de vacances en pleine nature. Elue dimanche à la mairie de Poitiers, Léonore Moncond'huy, qui a fêté ses 30 ans pendant le confinement, est toujours administratrice régionale des Eclaireuses et Eclaireurs unionistes de France. Et dans son programme figure «le droit aux vacances pour tous». Mais «le scoutisme est une pédagogie qui pousse à prendre des responsabilités» pas un havre de naïveté, explique l'édile à Libération. Et de fait, la tombeuse d'Alain Claeys, dernier maire d'un bastion conquis en 1977 par le PS, n'a pas l'air ahuri tombé de la lune de James Stewart. «J'ai coché toutes les cases de l'engagement militant», reconnaît-elle.

Ça débute par le scoutisme, puis les manifs au lycée, le service civique, un master d'affaires publiques à Sciences-Po Paris. Elle devient coordinatrice de projets pour l'Unicef, est embauchée par EE-LV pour les municipales de 2014 et rempile l'année suivante pour les régionales cette fois sur la liste : 25 ans, profil société civile. Elle est élue et s'encarte dans la foulée chez les Verts. «Je suis passée de l'autre côté, mais j'ai toujours eu à cœur d'être un pont entre militants et société civile», se justifie-t-elle. A la région, elle obtient une délégation à la vie associative et au volontariat. «Quand elle est arrivée, c'était déjà une militante aguerrie en matière d'écologie», se souvient un de ses collègues PS. «Elle avait des réseaux solides dans le monde associatif, renchérit Alain Rousset, président du conseil régional. Elle s'est fait beaucoup de contacts grâce à son mandat.» Sur sa liste, on trouve les militants associatifs par grappes. Et beaucoup de profs. «Notre succès, c'est d'avoir su mobiliser les méthodes de l'éducation populaire dans une campagne politique», veut-elle croire. Construire un collectif, agiter les mains au lieu d'applaudir, organiser une élection sans candidat : la nouvelle édile connaît les codes de la participation citoyenne.

Lorsque Libération l'avait rencontrée la première fois, à une grosse semaine du second tour, Léonore Moncond'huy était loin d'une posture triomphale. L'alliance avec l'autre liste de gauche avait capoté, certains à droite commençaient à manifester leur soutien à Claeys, arrivé en tête le 15 mars. La tête de liste verte jouait, elle, sur le mode du «on a déjà gagné, on a créé un beau collectif». Comme si l'aventure était déjà allée au-delà de ses espérances. «Je ne m'attendais pas à une telle victoire», confesse-t-elle : près de 43 % face à un baron et en triangulaire puisque LREM avait fait le choix de se maintenir. La vague verte ? Oui mais «la politique nationale a assez peu de sens à l'échelle locale». Macron et la Convention citoyenne ? «Clairement, il a raté le coche de l'écologie.» Mais elle préfère le mot «alternative» à «opposante» - son côté scout. Elue maire, elle ne brigue pas la gouvernance de l'agglomération, cherchant un maire du Grand Poitiers à qui proposer le job - son côté collectif, vivement critiqué pendant la campagne. Mais comment changer les choses sans avoir la main sur la mobilité, l'eau, la gestion des déchets ? «On aura une minorité de blocage, tempère-t-elle, rien ne pourra se faire sans nous.» Dimanche, elle a reçu des messages de «tout le monde». De Yannick Jadot mais pas encore d'Eric Piolle. Chaque chose en son temps.