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Retraite

Départ de Jacques Toubon, Défenseur des droits : «J’y ai mis ce que je suis»

Après six ans de mandat et des prises de positions fortes, l'ex-ministre de la Justice sous Chirac quitte son poste le 16 juillet. L’occasion d’encourager les Français à saisir l’institution plus souvent.
Jacques Toubon à l'Elysée le 11 février 2020. (LUDOVIC MARIN/Photo Ludovic Marin. AFP)
publié le 1er juillet 2020 à 20h15

«Mon seul regret est de partir.» Jacques Toubon semblait ému ce mercredi 1er juillet pour ses adieux à sa mission de Défenseur des droits. Choisi, contre toute attente, par François Hollande pour succéder à Dominique Baudis en 2014, il part sur un bilan unanimement salué pour sa défense des libertés publiques et devrait laisser son fauteuil à Claire Hédon, présidente d'ATD Quart-Monde et ancienne productrice radio, le 16 juillet.

«Expérience exceptionnelle»

Entouré de ses quatre adjoints, l'ex-Garde des Sceaux de Jacques Chirac (1995-1997) a évoqué une «expérience exceptionnelle». Son mandat aura été marqué par ses critiques des camps de migrants, de l'accueil des mineurs étrangers isolés, des contrôles au faciès ou encore de l'utilisation des LBD lors des manifestations de gilets jaunes. Il s'est inquiété du «non-recours» de nombreux Français victimes de discriminations et a alerté sur «l'évanescence des services publics». En six ans, Toubon et son équipe ont rendu 1 409 décisions et publié 73 rapports. Tous en lien avec l'une de ses quatre missions : les relations entre usagers et services publics, la défense des droits de l'enfant, la lutte contre les discriminations, la déontologie de la sécurité et la protection des lanceurs d'alerte.

L'homme, 73 ans, revient sur les avancées obtenues durant son mandat. Il cite l'introduction du droit à l'erreur en matière sociale, l'autorisation pour les homosexuels de donner leur sang ou encore la reconnaissance d'un harcèlement sexuel «environnemental ou d'ambiance» au travail, et salue le travail «irréfragable» de ses agents. Il note néanmoins certaines difficultés rencontrées, évoque à demi-mot des collaborateurs surchargés. Il regrette n'avoir aucun pouvoir de sanction et s'être vu refuser l'accès aux dossiers judiciaires de certains «cas médiatiques» comme celui des lycéens de Mantes-la-Jolie, mis à genoux par des policiers en décembre 2018.

Il profite de son dernier discours de Défenseur des droits pour rappeler l'existence de «systèmes» de discrimination et de «l'intersectionnalité» des discriminations que subissent des millions de personnes. Et lorsqu'on demande à l'ex-cacique du RPR s'il n'a pas viré à gauche pendant ces six ans, il se contente de répondre : «Je sors du poste de Défenseur des droits comme j'y suis entré.» Et d'ajouter : «J'y ai mis ce que je suis.» Sa successeure, Claire Hédon, choisie par Emmanuel Macron, n'a encore été confirmée au poste. L'actuel Défenseur des droits estime qu'il n'a «absolument pas à prendre position» mais assure qu'il la connaît et qu'il l'a «beaucoup apprécié à la tête d'ATD Quart-Monde».