Depuis janvier, la commission d'enquête parlementaire, présidée par le député du Nord Ugo Bernalicis (La France insoumise), passait relativement inaperçue. Après tout, il s'agissait de personnalités judiciaires et députés planchant sur un sujet passionnant mais aussi vieux que Thémis : «Les obstacles à l'indépendance de la justice.» Jusqu'à ce que les déclarations, d'une rare franchise, d'Eliane Houlette, le 10 juin, captent la lumière médiatique. L'ex-figure de proue du Parquet national financier (PNF) qui dénonce des «pressions» de la part du parquet général, notamment par des demandes de remontées d'informations, à un rythme infernal, ce n'est pas rien.
Au-delà de la polémique suscitée par ces propos dans le dossier Fillon, au-delà du règlement de comptes avec sa supérieure hiérarchique de l'époque, Catherine Champrenault, qui a assuré jeudi n'avoir reçu «aucune instruction», l'épisode a eu le mérite de replacer une question au centre des préoccupations : la justice peut-elle être indépendante si des magistrats sont inféodés à l'exécutif ? Faut-il aligner le statut des membres du parquet sur celui du siège ? Procéder à une grande réforme ?
«Ça traîne»
Preuve de la fréquente résurgence du débat, François Molins, procureur général près la Cour de cassation, soulignait en février devant cette même commission d'enquête : «Je suis personnellement frappé que chaque fois qu'une enquête ou une instruction vise un homme ou une femme politique, sa réaction ou sa st