«Pardon, je dois vous laisser : le secrétaire d'Etat américain cherche à me joindre mais je vous rappelle tout de suite.» C'est Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie au téléphone. Il tient parole et rappelle pour dire tout le bien qu'il pense de Charles Sitzenstuhl, écrivain et son conseiller politique. Leur collaboration a huit ans d'âge, mais Le Maire a «découvert son histoire en lisant son livre». Envoyé par la poste et publié en janvier chez Gallimard, la Golf blanche, le premier roman autobiographique du trentenaire, raconte sobrement la brutalité psychique, et aussi physique à quelques occasions, qu'a manifestée son père envers sa mère, sa sœur et lui. Sa «violence extrême» prenait la forme de hurlements et de menaces. «Il provoquait une peur totale, totalitaire. La peur de disparaître, de se faire tuer.»
Lorsqu'il en parle, Charles Sitzenstuhl, né en Alsace, marque des pauses. Il se crispe et ferme les paupières. Son visage se modifie. Menuisier ingénieur, son père était allemand et n'avait pas demandé la nationalité française. «Il était pour moi l'étranger à deux titres : son comportement était l'inverse de celui que doit avoir un père avec son enfant, et il venait d'un pays qui fut l'ennemi du mien, et dont il ne nous disait rien.» Charles Sitzenstuhl lui a répondu en s'engageant pour la France dans les pas du grand Charles : «Cela vous paraîtra peut-être suranné de la part de quelqu'un n