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Portrait

Claque ou claps de fin pour Edouard Philippe ?

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Quasi inconnu lorsqu’il a été nommé, l’ex-Premier ministre quitte ses fonctions trois ans plus tard auréolé de sondages avantageux et sous les compliments de ses opposants.
Edouard Philippe au Grand Palais, pour la synthèse du grand débat national, le 8 avril 2019. (Photo Albert Facelly)
publié le 3 juillet 2020 à 21h01

Comme au théâtre, une toile de fond tombe sur scène et transforme le décor. Au parc de Matignon succède l'horizon marin ; aux murs beiges du VIIarrondissement, le sévère urbanisme havrais. Et l'acteur, au milieu, change aussitôt de rôle. Après 1 145 jours à la tête du gouvernement, Edouard Philippe va retrouver son fauteuil de maire du Havre, dont l'avait tiré sa nomination par Emmanuel Macron en mai 2017. Aux électeurs qui viennent de le lui rendre, il avait annoncé le dénouement, mais pas l'heure : un retour «au plus tard en mai 2022, peut-être beaucoup plus tôt». Sans doute ne dira-t-il pas laquelle de ces options aurait eu sa préférence.

Philippe s’en va sans vagues, sous les compliments républicains de ses opposants et sur des sondages avantageux. Ces derniers le désignaient, ces temps-ci, comme l’homme fort de son camp. Beaucoup y voyaient la garantie d’une prolongation de bail, avec d’autant plus de certitude que le Premier ministre avait déjà survécu à différentes rumeurs de départ : les unes le sacrifiant au mouvement des gilets jaunes, les autres en faisant une tête de liste aux européennes de 2019, les autres encore un candidat à la mairie de Paris. Cette fois était la bonne et, quel que soit l’avenir du macronisme, Philippe restera comme le patient zéro d’une curieuse expérience : celle qui a fait d’un membre mal connu de Les Républicains le second d’un président de 39 ans, dont il n’avait pas soutenu la campagne ; le chef d’une majorité dont