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Justice

Procès : derrière Tyler Vilus, «on ne voit plus que des cadavres»

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Vendredi, la cour d’assises spécialement constituée de Paris a condamné le Français, parti en Syrie en 2012 et devenu un «émir craint et respecté», à trente ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sûreté des deux tiers. Le jihadiste, qui a gravité dans les hautes sphères de l’EI, s’était livré en détail, et souvent avec calcul, sur son parcours.
Destructions provoquées par une double attaque-suicide en avril 2015 à Alep. (Photo Mamun Ebu Omer. Anadolu. AFP)
publié le 3 juillet 2020 à 20h26
(mis à jour le 4 juillet 2020 à 0h09)

Les photos défilent : le baptême du petit-cousin, les tablées familiales dans le sud de la France, la colonie de vacances, deux gamins déguisés pour un spectacle… Ce sont les vestiges de la vie d'avant. Avant que Tyler Vilus, 30 ans, ne se retrouve dans un box vitré, avant que son nom n'incarne à lui seul l'histoire du jihadisme français en Syrie, et que son ombre ne plane sur les attentats du 13 novembre 2015. Avant que le ministère public ne requière à son encontre une peine de réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté.

L'accusé, cheveux tressés et barbe drue, ne voit pas ces clichés d'enfance tendus par son avocat. Il entend seulement les «rho là là», «wahou» de son frère Leroy qui, oubliant un instant le décorum intimidant de la salle d'audience, se laisse emporter par les souvenirs. Crâne chauve et silhouette de colosse, celui-ci lance à la barre : «Mon frère, je l'aime. Si je suis là, c'est parce que j'ai confiance en lui.» Il estime que Tyler Vilus est devenu « un objet de propagande», qu'on lui a «mangé le cerveau» et en est convaincu : il y a «le vrai Tyler», celui qu'il connaît depuis tout petit, et le «Tyler du dossier». Un «ici» et un «là-bas». Deux mondes qui se sont entrechoqués pendant sept jours de procès devant la co