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Libération

Un Conseil de Paris remanié et contesté

Anne Hidalgo a désigné vendredi ses 37 adjoints. La reconduction à la culture de Christophe Girard, entendu dans l’affaire Matzneff, fait polémique.
publié le 3 juillet 2020 à 20h46

Pendant que le gouvernement démissionnait, Anne Hidalgo nommait le sien. La socialiste a été officiellement réélue maire lors d'un conseil de Paris vendredi matin. Dimanche, elle est arrivée largement en tête du scrutin, avec 49 % des voix, devant Rachida Dati (34 %) et Agnès Buzyn (13 %). Mais l'élection parisienne se joue, comme à Lyon et Marseille, en trois tours : les Parisiens élisent des conseillers dans leur arrondissement, qui votent ensuite pour le maire de Paris. Avec 96 élus sur 163, il s'agissait d'une formalité. Il y a un an pourtant, rares sont ceux qui l'auraient imaginé. Aidée par la désastreuse campagne des marcheurs parisiens, la sortante a réussi son pari. «Les Parisiennes et les Parisiens nous ont donné le mandat d'aller plus loin, pour faire une ville plus juste, plus agréable à vivre», a-t-elle déclaré lors de son discours. «Nous sommes la dernière génération à pouvoir agir avant qu'il ne soit trop tard», a poursuivi la socialiste, plus écolo que jamais. Elle a également évoqué la crise du coronavirus, salué les agents du service public, notamment les soignants, et rappelé les plans d'aides de la mairie.

Crash de LREM. Tête de liste LR, Rachida Dati, qui incarne la première force d'opposition à la mairie, a décidé de ne pas présenter sa candidature. Elle a simplement appelé celle qui l'a battue à garder le taux d'abstention record (63 %) en tête et à faire preuve «d'humilité». Danielle Simonnet, qui représentait les insoumis, a elle aussi passé son tour, en se félicitant du crash de LREM à Paris et en promettant de continuer à incarner une bruyante opposition. Côté alliés, l'écolo David Belliard a promis son soutien à la maire : «Tu pourras compter sur nous. Nous sommes des partenaires fiables, exigeants et constructifs.» Les Verts vont récupérer la mairie du XIIe, où le socialiste Emmanuel Grégoire laisse sa place à l'écolo Emmanuelle Pierre-Marie. Grégoire, qui reste premier adjoint à la mairie centrale, récupère en plus le portefeuille de l'urbanisme, jusqu'ici géré par Jean-Louis Missika, qui a décidé d'arrêter la politique parisienne après la campagne. Le communiste Ian Brossat, également très impliqué dans la campagne, garde de son côté le logement. Restent également : Dominique Versini au social, Patrick Bloche à l'éducation ou encore l'écolo Anne Souyris à la santé. David Belliard, lui, s'occupera d'un portefeuille regroupant la transformation de l'espace public, les transports, le code de la rue et la voirie. Christophe Najdovski, qui a conduit la liste EE-LV en 2014 et s'occupait des mobilités, passe aux espaces verts.

«Vote présidentiel» Du côté des nouveaux entrants : Audrey Pulvar récupère l'alimentation et l'agriculture urbaine et le journaliste Arnaud Ngatcha les relations internationales. En tout, 37 adjoints ont été désignés. L'opposition a illico critiqué la gestion des finances, mais l'hémicycle parisien a validé, après un lapsus d'Anne Hidalgo. En plein remaniement, la maire de Paris a appelé le conseil à un «vote présidentiel».

La reconduction de Christophe Girard au poste d'adjoint à la culture a, elle, fait grincer des dents d'opposants et d'alliés. L'élu a été entendu par la police en mars dans le cadre de l'affaire Matzneff. Les enquêteurs s'intéressent au soutien financier dont l'écrivain, accusé de pédophilie, a bénéficié de la part de la maison Yves Saint Laurent, à une époque où Christophe Girard en était le secrétaire général. «J'espère, madame Hidalgo, qu'en préparant votre exécutif, vous avez été plus attentive aux exigences de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Nous n'oublions pas l'affaire Matzneff», a tweeté Danielle Simonnet. La militante féministe Alice Coffin, élue sur une liste EE-LV, a aussi dénoncé cette nomination : «Il a été expressément demandé à la mairie de renoncer à ce choix. Sans succès jusqu'ici. Trois ans après MeToo, quelques mois après publication du livre le Consentement et les Césars, la mairie de la capitale française ne voit pas le problème d'un tel choix.» Sur Twitter, Girard a fait savoir dès jeudi soir qu'il entendait porter plainte en diffamation. Contre une membre de la nouvelle majorité municipale.