Chaque famille politique a sa mythologie, avec ses dates qu'on célèbre et ses histoires qu'on se raconte. Selon les événements du présent, certaines se remettent à circuler. A gauche, depuis qu'une petite vague sociale-écolo a déferlé sur les villes, on convoque les municipales de 1977. Pour se donner du courage, on se rappelle le triomphe de la gauche unie qui aurait préfiguré l'élection de Mitterrand en 1981. Nathalie Appéré, la maire PS de Rennes, veut croire que le cru municipal 2020 représente «la victoire de l'affirmation de la gauche quand elle sait s'unir, qui doit nous redonner un espoir national». On cite aussi le socialisme municipal qui a transformé la commune en laboratoire doctrinal à partir de la fin du XIXe, avant l'arrivée au pouvoir du Front populaire en 1936. «La gauche responsable qui met les mains dans le cambouis s'est affirmée dans les villes», affirme Appéré. L'expérimentation, désormais, n'est plus seulement sociale. «A l'échelle du quotidien, on a vraiment prise sur l'écologie et la participation citoyenne», explique la nouvelle maire écolo de Poitiers, Léonore Moncond'huy.
Changer d’échelle
A gauche, l'heure est donc à la commune et certains maires, qui pensent avoir un rôle à jouer, ont décidé de ne pas en rester au stade des incantations. A la veille du second tour, Anne Hidalgo et Eric Piolle, la socialiste et l'écolo qui règnent sur Paris et Grenoble, ont commencé à passer des coups de fil aux candidats de la gauche pour bric