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Libération

«Les droits fondamentaux sont maintenant perçus par certains comme un supplément d’âme qu’on ne peut plus se permettre.»

Adeline Hazan Contrôleure générale des lieux de privations de liberté, lors de son discours d’adieu
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publié le 10 juillet 2020 à 20h06

«On rame à contre-courant», s'est inquiétée Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, lors de son discours d'adieu à la fonction, vendredi. Selon elle, l'opinion publique et politique tend vers «une moindre considération des libertés fondamentales et une demande de sécurité de plus en plus forte». La magistrate, ancienne juge d'application des peines, puis juge des enfants et présidente du syndicat de la magistrature de 1986 à 1989, a aussi été conseillère auprès de la ministre de l'Emploi Martine Aubry en 1997, eurodéputée et maire de Reims jusqu'à sa nomination au poste de contrôleure des lieux de privation de liberté en 2014.

Cette autorité administrative indépendante, qui existe depuis 2008, est chargée de s’assurer du respect des droits fondamentaux des personnes enfermées. Avec 50 autres contrôleurs, Adeline Hazan a visité prisons, locaux de garde à vue, établissements de santé mentale, centres de rétention administrative…

Son mandat a été marqué par une hausse de la surpopulation carcérale (d'environ 66 000 détenus en 2015 à 71 000 en 2020) et un durcissement généralisé des mesures de sécurité suite aux attentats terroristes. «La crise sanitaire a forcé une régulation carcérale que je propose depuis 6 ans», a-t-elle ajouté. Entrée en fonction en même temps que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, leurs deux mandats prennent fin le même jour.