Dans la soute de l’hôpital de Saint-Laurent-du-Maroni, les machines à laver ronronnent en continu. Les draps et les «blouses Covid» viennent de sortir du séchoir. L’air de la blanchisserie est aussi moite que celui qu’on respire à l’extérieur dans l’extrême ouest de la Guyane, à quelques encablures du Suriname. Du sol au plafond, l’établissement, inauguré l’an dernier, s’est transformé pour s’adapter à l’afflux de patients atteints du coronavirus. En Guyane, région aujourd’hui la plus durement touchée de France, le pic de l’épidémie est attendu d’ici une à deux semaines. A moins que l’on y soit déjà sans le savoir, comme dans l’œil soudainement calme d’un cyclone. Depuis quelques jours, le nombre d’hospitalisations est stable (autour de 150 lits occupés), autorisant les autorités à oser précautionneusement les mots «palier» ou «plateau», deux mois après la métropole.
«Ce décalage est à double tranchant. Il nous a permis de recevoir du renfort, humain et matériel, mais l'usure s'installe, avoue Crépin Kezza, 49 ans, directeur médical de la cellule de crise du Centre hospitalier de l'Ouest guyanais. On est comme des soldats éveillés depuis longtemps pour ne pas être surpris, et qui finissent par fatiguer.» Le soldat Fredrik Terlutter, 28 ans, médecin dans l'unité Covid, a encore l'air frais. Dans le vestiaire, il se débarrasse de sa surblouse en plastique pour aller manger un morceau avant de repartir au front. «Le délai supplé