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Libération
Éditorial

Ambiances

publié le 13 juillet 2020 à 19h21

Aux soignants, la nation reconnaissante. Ces mots devraient pouvoir se lire sur le visage d'Emmanuel Macron pendant le défilé du 14 Juillet. Un «en même temps» émotionnel, conjugaison d'empathie et de solennité proche de celle ressentie en 2015. On applaudissait alors gendarmes et policiers, honorant la mémoire des victimes du terrorisme. En 2020, les morts sont ceux du Covid et les héros du quotidien, médecins, infirmiers, aides-soignants ou brancardiers. Mais pas de blouses blanches à la Concorde. Le défilé reste chose militaire, les civils y assisteront depuis la tribune officielle. D'autres professionnels de santé comptent bien battre le macadam, à République, pour rappeler qu'au-delà des médailles l'hommage national s'envisage aussi en salaires, indemnités et primes. Deux places, deux ambiances… Parmi les invités du Président, les proches de celles et ceux tombés en première ligne. Comme ces veuves ou enfants de médecins généralistes rencontrés par Libération dont la colère se mêle à la peine. «Nous sommes en guerre», avait martelé le chef des armées au début de la crise ; au chef de l'Etat de trouver maintenant les mots pour répondre aux interrogations des familles, avant que la justice ne se penche sur leurs plaintes. Il lui faudra aussi convaincre les Français, en direct à la télévision. Renouant avec la tradition de l'adresse présidentielle, Emmanuel Macron a préféré l'interview et le risque de la contradiction au par trop solennel discours préenregistré. Les sujets ne manquent pas : référendum et écologie, Castex et les 600 derniers jours du quinquennat, nouveau chemin et réinvention, 2022, séparatisme, Darmanin et Dupond-Moretti peut-être… Et, les signes de reprise les plus évidents ne venant pas de l'économie mais de l'épidémie, le Président de conclure : «Vive la République, vive les soignants. vive la France.»