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Libération

A Rennes, les grands projets d’une «ville à taille d’enfant»

publié le 14 juillet 2020 à 19h51

Promouvoir des villes à taille humaine est un incontournable des campagnes municipales. Il faudra aussi désormais compter avec le concept de «ville à taille d'enfant». C'est en tout cas l'objectif que s'est fixé la majorité écolo-socialiste de Rennes, qui a confié une délégation dédiée à ce projet à Lucile Koch, toute nouvelle élue verte qui n'est pas passée inaperçue - sa fille Léonie née il y a cinq semaines dans les bras - lors du premier conseil municipal. «J'ai été très marquée par les aires de jeux que j'ai pu connaître en Suède, en Autriche ou aux Etats-Unis durant mon enfance, confie cette mère de famille de 32 ans, qui a donné rendez-vous, comme il se doit, aux Grands Gamins, un bar à la périphérie du centre historique. Comparé à ce qui existe dans les pays scandinaves ou en Allemagne, il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Mais aussi en matière d'urbanisme pour faciliter le déplacement des poussettes ou dans l'accueil des enfants dans les musées ou les services publics.»

A titre d'exemple, la jeune femme pointe du doigt une malheureuse aire de jeux, située à quelques dizaines de mètres des Grands Gamins, avec «deux pauvres toboggans» en métal et trois jouets sur ressorts répartis sur une pelouse synthétique. «C'est triste, commente l'élue qui, enfant, a vécu en Suède. Les Scandinaves ont coutume de dire que le jeu libre, c'est le travail des enfants. C'est en tout cas un excellent moyen de les préparer à devenir des citoyens qui s'écoutent, s'expriment et apprennent à s'entendre.»

Lucile Koch, intarissable sur le sujet, se désole de tant d'aires de jeux «aseptisées», où l'on cherche à gommer toute notion de risque alors que c'est indispensable pour «tester ses limites» et prendre la mesure d'éventuels dangers. Ou comment des aires de jeux plus ambitieuses, utilisant des matériaux et des décors naturels, sont autant de leviers pour stimuler l'imagination des tout-petits mais aussi développer leurs capacités athlétiques.

Dans le même esprit, elle souhaiterait équiper toutes les crèches de «salopettes étanches» pour que les enfants puissent sortir et se confronter aux éléments par tous les temps. Une des premières tâches que la jeune élue s'est fixée demeure cependant d'aller sonder les desiderata des premiers intéressés.

Son regard aiguisé sur l’environnement urbain a également répertorié tous les obstacles - escaliers, rainures destinées aux eaux pluviales, pavés rebondis - susceptibles d’entraver le cheminement des poussettes ou l’apprentissage du vélo. Autant d’inconvénients auxquels elle veut remédier en installant des rampes pour franchir une volée de marches ou en les gommant des prochains projets : des pavés plus doux pourraient ainsi voir le jour dans le centre-ville.

Autre axe majeur d'une politique en faveur de l'enfant : l'accueil dans les lieux publics. «J'aime beaucoup sortir avec mes enfants», relève celle qui a aussi un fils de 3 ans. Pour inciter les parents à faire de même, elle imagine un logo et un site internet répertoriant cafés et restaurants disposant de chaises hautes ou de rehausseurs, d'une table à langer ou de crayons de couleur pour dessiner. «Un enfant occupé est d'autant plus apte à ne pas déranger les autres», professe l'adjointe, qui évoque aussi l'aménagement d'espaces de jeux dans les bibliothèques ou au musée des Beaux-Arts, «avec de quoi reconstituer en live une œuvre d'art, voire des endroits spécifiques dans certains grands magasins, avec des petites toilettes, un micro-ondes, une chaise pour allaiter…»

Alors que la tendance hygiéniste dans les cours d’école serait plutôt au béton, Lucile Koch, elle-même professeure des écoles, prône aussi davantage d’espaces naturels en milieu scolaire. Autant pour contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique que pour offrir des îlots de fraîcheur par temps de canicule.