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Colère

Soignants : «J’ai risqué ma vie, j’ai fait des sacrifices, et le CHU ne les prend pas en compte»

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Rémunération, conditions de travail, reconnaissance… Dans les Alpes-Maritimes, de nombreux soignants quittent l’hôpital public. Un phénomène aggravé par la crise du Covid-19.
Manifestation place de la République, à Paris, ce mardi.
par Mathilde Frénois, Correspondante à Nice
publié le 14 juillet 2020 à 19h36

Laurie n'avait pas encore enfilé sa blouse d'aide-soignante qu'elle entendait déjà sa mère lui rabâcher le même syllogisme : «Le CHU, c'est être fonctionnaire. Fonctionnaire, c'est la sécurité de l'emploi.» Alors, quand elle intègre en 2003 l'hôpital public de Nice, Laurie est certaine d'y faire toute sa carrière : «Je ne pensais jamais partir, mais aujourd'hui je suis dégoûtée du CHU.» A 41 ans, et après dix-sept années passées dans les services, cette aide-soignante a envoyé sa lettre de démission, abandonnant une vocation et des valeurs.

Le phénomène préexistait au Covid-19, mais la crise sanitaire l'a accentué : la fonction publique souffre d'une hémorragie de soignants, las de leurs rémunérations, de leurs conditions de travail et du manque de reconnaissance. Un ras-le-bol que l'accord mi-figue mi-raisin signé au terme du récent Ségur de la santé a peu de chances d'endiguer. Libération est allé à la rencontre de certains de ces soignants épuisés, dans les Alpes-Maritimes.

Laurie a «trimballé sa croûte» : les urgences pour commencer, sept ans de nuit en traumatologie, puis se sont enchaînés la salle de réveil, le vasculaire, la chirurgie, la pneumologie. Dans tous ces services, Laurie répond aux sonnettes, aide aux repas, fait la toilette, change les literies.