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Covid-19

Masques obligatoires et tests : l’exécutif veut briser la vague

Alors que le nombre de cas repart à la hausse par endroits, le Président a annoncé vouloir imposer le port du masque dans les lieux publics clos et généraliser les dépistages.
Dans le jardin des Tuileries, mardi. (Photo Denis Allard)
publié le 14 juillet 2020 à 20h01

Le Premier ministre l'avait dit «à l'étude», le Président l'a acté devant les Français : le port obligatoire du masque dans tous les lieux publics clos va bien se concrétiser. «Nous allons nous mettre en situation de pouvoir, par exemple à partir du 1er août, le rendre totalement obligatoire», a annoncé le chef d'Etat lors de son interview télévisée, en recommandant aux Français de le faire d'ores et déjà «au maximum quand ils sont dehors et, a fortiori, quand ils sont dans un lieu clos». Cette déclaration a été complétée par une seconde mesure, tout aussi importante, sur l'accès aux tests de dépistage. Emmanuel Macron souhaite les «ouvrir» aux personnes sans prescription médicale ou sans symptômes. «Nous avons des signes que l'épidémie repart quand même un peu, nous devons prévenir et nous préparer», a-t-il justifié, s'appuyant sans doute sur le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France, daté du 9 juillet, dans lequel les experts notent une «nouvelle tendance à l'augmentation de la circulation du virus en France métropolitaine», bien que le niveau reste toujours faible.

«Preuves»

La décision présidentielle concernant les masques intervient après plusieurs alertes sur un relâchement dans l'adoption des gestes barrières. Il y a d'abord eu les images de réunions gouvernementales sans aucune protection et de concerts géants bravant les consignes sanitaires. Puis les tribunes publiées ce week-end dans le Parisien et Libération, dans lesquelles des médecins et chercheurs pointent «l'urgence d'instaurer le port obligatoire du masque» dans les espaces fermés. Et lundi le Conseil d'Etat était saisi en urgence par des soignants et des citoyens pour exiger la même chose auprès du gouvernement. Sans oublier la mise en place de la mesure à Saint-Ouen par le préfet de Seine-Saint-Denis, qui n'a pas attendu l'Etat pour imposer cette protection dans tous les lieux publics clos après l'identification d'un cluster au sein d'un établissement scolaire.

La semaine passée, l'Organisation mondiale de la santé avait «reconnu» pour la première fois que «des preuves émergeaient dans le domaine» des aérosols, signalant que «la possibilité d'une transmission par voie aérienne dans les lieux publics particulièrement bondés ne peut pas être exclue». Cet avertissement faisait suite à la publication d'une lettre signée par 200 chercheurs internationaux dans la revue Clinical Infectious Diseases d'Oxford. «Des études menées par les signataires et d'autres scientifiques ont démontré, hors de tout doute raisonnable, que les virus libérés pendant l'expiration, la parole et la toux, sont suffisamment petits pour rester en altitude dans l'air et présenter un risque d'exposition, à des distances au-delà de 1 à 2 mètres d'une personne infectée», écrivaient-ils.

Ecoles

A l’heure actuelle, le port du masque est principalement obligatoire dans les transports en commun (sous peine d’amende), les musées, les monuments, les salles de spectacle, ainsi que pour les employés de certains commerces (cafés, coiffeurs, esthéticiennes…). L’annonce de sa généralisation suscite forcément des interrogations. Certaines enceintes publiques seront-elles exemptées ? Le privé et les magasins seront-ils concernés ? Et quid des écoles à la rentrée ? Le discours de politique générale du nouveau Premier ministre, Jean Castex, ce mercredi à l’Assemblée nationale, apportera peut-être des éléments de réponse.