Les communistes affichent la couleur : les députés se pointent en même temps dans l'hémicycle avec un masque rouge sur le visage. Une chorégraphie pour le discours de politique général du nouveau Premier ministre. Une opération sans but. Le côté gauche du Palais-Bourbon ne s'attendait pas à des merveilles de Jean Castex. Ils ont observé (sans broncher) le locataire de Matignon. Des haussements d'épaules et des têtes qui bougent de gauche à droite à chaque désaccord. Pas beaucoup plus. Mais après les mots de Castex, plusieurs élus de gauche ont passé une tête dans la salle des Quatre-Colonnes. Des mots durs.
«Multiplication de poncifs»
Le député socialiste, Boris Vallaud pose des questions pour répondre : «C'était faible, non ?» Il poursuit pour convaincre : «Dans le passé, il y a eu des grands discours de politique général, je pense à Chaban-Delmas ou à Jospin par exemple, mais aujourd'hui ce n'était pas le cas, non ?» Boris Vallaud est un opposant (ce n'est pas nouveau) mais il espérait autre chose après la crise sanitaire qui vient «d'ébranler» toutes les certitudes : «Nous sommes en train de vivre un choc anthropologique majeur, le président de la République promet un changement de direction et rien ne change.»
Les députés passent d'une télé à l'autre, d'une radio à l'autre. L'insoumis Adrien Quatennens s'arrête un instant : «Je ne sais pas quoi dire, c'était creux, une multiplication de poncifs. Le discours de Castex c'était un mauvais catalogue d'épicerie, son nouveau chemin est une impasse.» Le député du Nord souligne une victoire «culturelle» : la nomination d'un commissaire au Plan. Les insoumis poussent pour ce poste depuis des lustres. «Après, on ne sait pas ce qui se cache derrière et quel sera l'objectif du commissaire au Plan», conclut-il. Son collègue Eric Coquerel dit un peu près la même chose : «C'était long comme prévu et il a multiplié les promesses qui n'engagent personne.»
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«Pas simple de commenter le vide»
Alexis Corbière répond aux médias mais son attachée parlementaire tire (un peu) la tête. Elle n'aime pas sa veste. Elle le tire par la manche pour qu'il en enfile une nouvelle dans son bureau. Sur la route, le député s'inquiète : «Vous savez bien que je suis un jacobin et cette histoire du droit à la différenciation entre les régions ne me plaît pas. D'un côté il nomme un commissaire au Plan et de l'autre il décentralise ? Ça ne colle pas.» Alexis Corbière n'aime pas du tout la communication autour du Premier ministre. Il s'agace en marchant sur les graviers du Palais-Bourbon : «Le terroir, le terroir, le terroir… il faut arrêter avec ça. Jean Castex était déjà à l'Elysée à l'époque de Sarkozy !»
Clémentine Autain arrive aux Quatre-Colonnes. Elle cherche une équipe de télévision. «Je dois venir commenter le discours de Castex mais ce n'est pas simple de commenter le vide. Il n'y a rien de nouveau.» On la retrouve quelques minutes plus tard. Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, est à ses côtés. On lance un débat pas très neuf non plus : l'union de la gauche. Cette fois, l'insoumise et le socialiste plongent la tête la première. Ils se sont même donné rendez-vous à la fin de l'été pour continuer à en débattre.