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Libération
Décryptage

Laïcité, pouvoir d’achat, retraites… les autres annonces

Le Premier ministre a notamment évoqué mercredi une revalorisation de 100 euros de l’allocation scolaire, des repas à 1 euro pour les boursiers et un projet de loi pour lutter contre les «séparatismes».
Castex a annoncé une série de mesures de soutien aux plus défavorisés, dont les repas à 1 euro dans les restaurants universitaires pour les boursiers. (Photo Loic Venance. AFP)
publié le 15 juillet 2020 à 21h01

Hors plan de relance, ne jurant que par le «dialogue social», Jean Castex a dévoilé un gros agenda de réformes pour les mois à venir. Le point sur cinq annonces.

Santé

A défaut de parler de stratégie médicale et sanitaire, Jean Castex s'est concentré sur les comptes. «Fier» de l'effort financier «inédit» destiné au système de santé, il a fait savoir qu'une enveloppe supplémentaire de 6 milliards d'euros viendrait compléter les 13 milliards déjà promis pour la reprise de la dette hospitalière et les 8,1 milliards de revalorisation des salaires et des carrières des soignants (entérinés depuis lundi dans le cadre du Ségur de la santé). Cette rallonge budgétaire doit être investie pour donner «davantage de souplesse aux établissements», «mettre l'accent sur la prévention», ou encore «attirer davantage de médecins dans les territoires». Des objectifs affichés qui font écho aux autres mesures revendiquées par les soignants lors de ce Ségur, jusqu'alors éclipsées par le «pilier» des accords salariaux. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, devrait les décliner précisément «en début de semaine prochaine».

Retraites

Le Premier ministre a affirmé qu'il était «nécessaire» de mettre en œuvre le projet de loi fusionnant les différents régimes spéciaux en un régime universel à points. «La crise nous invite plus que jamais à poursuivre nos objectifs vers un système plus juste et plus équitable. […]. Cela implique clairement la disparition à terme des régimes spéciaux», a argumenté Castex. Emmanuel Macron l'a chargé de finaliser le nouveau calendrier. Pour ne pas réveiller la colère de la rue et de l'opposition, l'ancien maire de Prades (Pyrénées-Orientales) a insisté sur l'association des parlementaires et des partenaires sociaux. Constatant que «les modalités de cette réforme ont généré de l'inquiétude et de l'incompréhension», Jean Castex souhaite distinguer «très clairement» la réforme structurelle «de toute mesure financière». Contrairement au bloc défendu bec et ongles par Edouard Philippe.

Autonomie

Castex a confirmé le souhait du gouvernement de créer une cinquième branche de la Sécurité sociale dédiée à la dépendance liée au grand âge, annoncée comme imminente depuis dix ans. «Je souhaite que les travaux engagés puissent se poursuivre selon les modalités que nous arrêterons en lien avec les partenaires sociaux», qu'il doit recevoir vendredi, a fait valoir le Premier ministre. Ce qui ne fait guère avancer le schmilblick sur la question de l'autonomie. D'abord parce qu'un rapport du gouvernement était déjà prévu en septembre pour fixer les modalités de cette cinquième branche. Ensuite parce que la réforme est loin de faire l'unanimité du côté des syndicats. Plutôt que de créer un cinquième risque, la CGT comme FO plaident pour intégrer l'autonomie à la branche maladie. Le chef du gouvernement aura donc à mener le dialogue social tambour battant s'il veut atteindre l'objectif qu'il s'est fixé mercredi : faire aboutir cette «avancée historique» avant la fin du quinquennat.

Précarité

Dans une perspective de «solidarité nationale» et pour «éviter une crise sociale majeure et des drames humains et individuels désastreux», Castex a annoncé une série de mesures de soutien aux plus défavorisés : repas à 1 euro dans les restaurants universitaires pour les boursiers, mais aussi revalorisation exceptionnelle de l'allocation de rentrée scolaire à 100 euros. En renforçant le pouvoir d'achat des jeunes précaires, il espère tendre vers une «égalité des chances» qu'il qualifie «d'idéale». Il a également affirmé que le plan pauvreté, lancé en septembre 2018, serait «poursuivi et amplifié en fonction de l'évolution de la conjoncture».

«Séparatisme»

Son gouvernement sera aussi celui de la défense intransigeante de la laïcité, une «valeur cardinale». Le Premier ministre a ainsi annoncé un projet de loi contre les séparatismes, évoquant au passage une République «ébranlée dans ses fondements par la coalition de ses ennemis, terroristes, complotistes, séparatistes, communautaristes». Attendu pour septembre, il devra permettre d'«éviter que certains groupes ne se referment autour d'appartenances ethniques ou religieuses». Une formulation qui promet pas mal de batailles juridico-politiques. En mentionnant à la fois les discriminations, les violences dans les quartiers et «l'attaque ignoble d'un chauffeur de bus à Bayonne», il a appelé à une réponse «ferme» de l'Etat et annoncé la création de juges de proximité, affectés à la répression des incivilités du quotidien. Aux forces de sécurité, «première ligne de l'ordre républicain», il a exprimé son profond respect, rappelant qu'elles exercent leur mission dans des conditions extrêmement délicates.