Jean Castex, ou le surintendant de la République. Si les détails du plan de relance censé amortir la crise économique et sociale post-Covid-19 ont constitué le cœur du discours de politique générale du nouveau Premier ministre, la vraie patte sous-jacente à l'ensemble de son intervention est à chercher dans l'insistance mise à tordre le cou à «l'impuissance publique», à l'inefficacité opérationnelle de l'Etat «qui n'a pas su s'adapter» à la France de 2020, à cette «intendance qui depuis longtemps ne suit plus». D'une certaine manière, Jean Castex a été fidèle à sa réputation de commis de l'Etat mâtinée par son CV d'élu local proche du terrain. Le Premier ministre a plus que frôlé la ringardise en parlant de cette «France du bon sens» près de chez vous, célèbre slogan publicitaire d'une banque bien connue du monde rural du milieu des années 70. Pas très moderne, pas forcément rassurant. Mais l'honnêteté oblige à reconnaître que derrière les mots «territoires», «proximité», «décentralisation», se cache une partie de la réponse au malaise français actuel. Avec deux ans de retard, Jean Castex a prononcé mercredi un discours en forme de réponse à la crise des gilets jaunes et à ce sentiment de déclassement et d'éloignement exprimé à partir de novembre 2018. Comme dirait l'autre, puisqu'il y a quelque chose de Jean-Pierre Raffarin chez Jean Castex, la pente à laquelle il s'attaque est raide. Il n'est pas le premier à appeler de ses vœux cette réforme, que dis-je, cette «révolution» de l'Etat. Il ne sera pas le premier à s'y casser les dents. La pente penche aussi à droite, du côté de la ruralité, des départements, des terroirs. En même temps, Jean le matou Castex a pris soin de mettre sur la table deux ou trois annonces en faveur des plus défavorisés ou des banlieues, d'insister sur son souci de relancer le dialogue social. Il a surtout affiché une ambition écologique très dans l'air du temps. Castex dans l'air du temps ? On aimerait y croire.
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