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Le point

Incendie à la cathédrale de Nantes : ce que l'on sait

Un incendie s’est déclaré samedi matin à l’intérieur de la cathédrale de Nantes. Une centaine de pompiers dépêchés sur place sont parvenus à circonscrire le feu.
La cathédrale de Nantes, samedi matin. (Photo Sébastien Salom-Gomis. AFP)
publié le 18 juillet 2020 à 10h33
(mis à jour le 18 juillet 2020 à 19h29)

Les faits : deux heures pour maîtriser le feu

Vers 7h45 ce samedi, des passants alertent les pompiers : des flammes jaillissent de la rosace de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, située place Saint-Pierre, en plein coeur du centre-ville. Très vite, pas moins de soixante pompiers sont dépêchés sur place, rapidement rejoints par une quarantaine de collègues pour tenter d'éteindre les flammes qui ravagent alors l'intérieur de l'édifice. Aux alentours de 10 heures, l'incendie est finalement «circonscrit», indiquent les pompiers.

Approché par Libération, William, un badaud qui a vu l'incendie et est revenu avec sa femme une fois celui-ci éteint, explique que «cela faisait comme une cheminée avec un brasier, c'était très impressionnant».

 Des dégâts «concentrés sur le grand orgue»

Lors d'un point presse devant la cathédrale, le général Laurent Ferlay, directeur départemental des pompiers, explique que les dégâts sont «concentrés sur le grand orgue qui semble être entièrement détruit. La plateforme sur laquelle il se situe est très instable et menace de s'effondrer».

Laurent Delpire, conservateur des Antiquités et objets d'art de Loire-Atlantique, a listé les éléments touchés par le sinistre : l'orgue et le buffet d'orgue du XVIIe siècle, un tableau d'Hippolyte Flandrin du XIXe, une partie des stalles du cœur qui étaient récentes et les vitraux de la façade, dont une partie était des vestiges de vitraux du XVIe siècle, le reste étant moderne.

Ce n’est pas la première fois que cette cathédrale au style gothique flamboyant, édifiée, entre 1434 et 1891, est touchée par un incendie. Le 28 janvier 1972, le toit de la cathédrale gothique Saint-Pierre-et-Saint-Paul, construite entre le XVe et le XIXe siècle, avait été ravagé par les flammes. Le sinistre s’était déclaré suite à des travaux effectués par un couvreur. La cathédrale de Nantes n’avait pu être rendue au culte qu’en mai 1985, après plus de 13 ans de travaux.

En 2015, toujours à Nantes, un autre édifice catholique avait été touché par un incendie spectaculaire qui avait détruit les trois quarts du toit de la basilique Saint-Donatien-et-Saint-Rogatien, un édifice religieux du XIXe siècle.

Dans sa déclaration, Laurent Ferlay a toutefois indiqué que les dégâts ne pouvaient être comparés à ces deux précédents, ni même à l'incendie de Notre-Dame, survenu un an plus tôt.

Une enquête ouverte pour «incendie volontaire»

Plus tard dans la matinée, le procureur de la République Pierre Sennès a indiqué qu'une enquête a été ouverte pour «incendie volontaire». En cause : «Les trois départs de feu sont espacés : au premier étage vers le grand orgue, à gauche et à droite de l'autel. On est en train de vérifier les issues», précise le procureur cité par Ouest-France. Qui ajoute : «On va faire venir un expert de Paris pour examiner les départs de feu et l'installation électrique. Nous n'en sommes pas au stade des conclusions.» Les premières constatations n'ont pas permis de trouver «dans les accès extérieurs de traces d'effraction», indiquait le procureur en fin d'après-midi. Pour le moment, aucune personne n'a été mise en cause à ce stade de l'enquête. En fin de journée, l'hypothèse d'un accident restait aussi envisagée. Lire notre article.

Castex, Macron, Rolland... La classe politique réagit

Un an après l’incendie de Notre-Dame, de nombreuses personnes ont réagi à ce nouvel incident impliquant un monument historique du patrimoine français.

Le Premier ministre Jean Castex s'est rendu arriver aux abords de l'édifice dans l'après-midi, avec les ministres de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et de la Culture, Roselyne Bachelot. «Je veux rendre hommage aux forces de sécurité et à la manière dont ils ont géré cet événement, a déclaré Jean Castex. J'ai pu constater la parfaite coordination des services. Je voulais manifester à l'endroit des Nantaises et des Nantais la solidarité de la nation au moment où le drame frappe cette belle ville de Nantes. Place désormais à l'enquête placée sous l'autorité du procureur de la République, sur laquelle je ne possède aucun élément d'information. Place aussi à la reconstruction, que je souhaite la plus rapide possible et à laquelle l'Etat prendra toute sa part», s'est contenté de dire le chef du gouvernement.

Emmanuel Macron a pour sa part tweeté son «soutien à nos sapeurs-pompiers qui prennent tous les risques pour sauver ce joyau gothique de la cité des Ducs».

Arrivée sur les lieux de l'incendie de la cathédrale dans le milieu de la matinée, la maire de Nantes Johanna Rolland s'est confiée à Libération : «C'est une grande émotion et une grande tristesse aujourd'hui à Nantes car la cathédrale est un édifice emblématique et majeur pour les catholiques, et pour tous les Nantais. Il y a un attachement très fort des habitants à cette cathédrale dont un incendie avait ravagé la toiture en 1972. J'ai pu entrer avec toutes les mesures de sécurités dans la cathédrale et je dois préciser que nous ne sommes pas dans la même situation qu'en 1972. Aujourd'hui il y a des dommages, mais localisés. La cathédrale perd un tableau de Flandrin d'une grande valeur et le grand orgue, mais l'incendie est de moins grande ampleur; il est moindre également que celui qui a détruit Notre Dame de Paris l'an dernier. Je le redis car il faut prendre la mesure des choses, même si cela n'enlève rien à notre tristesse. Je veux saluer la réactivité et la mobilisation formidable d'une centaine de pompiers qui ont réussi à circonscrire l'incendie. Il faut maintenant s'assurer qu'il n'y ait pas de reprise.»

Dans un communiqué, la Conférence des évêques de France (CEF) «appelle tous les catholiques à s'unir dans une prière de soutien aux catholiques du diocèse de Nantes». Depuis Bruxelles, Emmanuel Macron s'est entretenu avec le président de la CEF, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, «pour lui dire sa compassion», précise le communiqué.