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Libération
Témoignage

Christian Chouviat : «Ils ont pris la vie de mon fils et travaillent encore»

Six mois après la mort de Cédric Chouviat, son père est scandalisé par les révélations de l’enquête mais continue de croire en la justice.
Christian Chouviat, père de Cédric Chouviat, en janvier. (Photo Jérôme Bonnet pour Libération)
publié le 21 juillet 2020 à 18h02

Christian Chouviat, le père de Cédric, réagit aux nouvelles révélations de l’enquête, et fait part de sa colère à l’égard de la non-suspension des quatre fonctionnaires impliqués dans la mort de son fils.

«Six mois après la mort de ­Cédric, notre famille est unie mais inconsolable. A mesure que l'enquête avance, on ne peut qu'être scandalisé. D'abord parce que les policiers ont laissé Cédric au sol dans un état de détresse absolue sans même avoir l'idée de lui faire un massage cardiaque. Or on sait que ne pas pomper quelqu'un durant près de trois minutes dans ce genre de situation, ça s'appelle le ­condamner. J'espère que les policiers vont aussi être poursuivis pour «non-assistance à personne en danger». Il est clair, pour moi, que mon fils n'est pas mort le 5 janvier à l'hôpital Pompidou. Il est mort sur le pavé, quai Branly, à 10 h 30 ce 3 janvier. Personne ne m'enlèvera cette idée de la tête et je tiens à le dire haut et fort. A l'hôpital, ils l'ont maintenu arti­ficiellement en vie quarante-huit heures de plus, mais c'était déjà fini.

«Ce qui me révolte également, c’est cette décision ignoble de ne pas les suspendre. Comment est-ce possible dans une démocratie comme la France que des gens qui tuent un citoyen continuent d’exercer leur métier ? Il n’y a que dans la police qu’on voit ça. Pour autant, je ne suis pas anti-flics. Quand j’en croise un aujourd’hui, je ne suis pas tremblotant. Je comprends qu’il faut de la sécurité dans une démocratie. Mais où est la justice, l’exemplarité ? Ces quatre-là ont pris la vie de mon fils, il ne reviendra ­jamais, donc savoir qu’ils travaillent encore, comme si de rien n’était, ça me met dans une colère noire.

«Et ce d’autant plus qu’ils n’ont jamais été capables d’envoyer un seul ­signe, un seul mot, pour dire qu’ils prenaient en considé­ration notre chagrin. Sur ce point, la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui n’est pourtant pas ma tasse de thé politique, a été très élégante en nous adressant une lettre de soutien. On ne peut pas en dire autant de la maire du VIIe arrondissement, Rachida Dati, qui n’a pas voulu mettre sa petite campagne en danger et n’a pas daigné bouger une oreille.

«Souvent, on me dit que la justice enterre les dossiers de violences policières. Moi, je vais être honnête, je crois en la justice et je la jugerai à la fin du bal. Parce que c’est à ce moment-là qu’on paie les musiciens. Ce que je constate pour le moment, et nos avocats me le confirment, c’est que les juges d’instruction ont déjà fait un travail titanesque en six mois. Beaucoup d’actes d’enquête ont été réalisés, ce qui me semble aller dans le bon sens.»